P. Queinnec (Jenji) : "La question du cash se matérialise surtout par crainte de perdre les meilleurs collaborateurs"
Décideurs. Entre l’inflation et la hausse des taux, quels sont les effets de leur évolution rapide sur la gestion du cash au sein des entreprises ?
Pierre Queinnec. Le contexte est stressant et morose. Il génère une prépondérance de la question du cash pour les entreprises. Côté éditeur, nous constatons que la tendance est à l’automatisation de la refacturation pour éviter, au maximum, d’avancer des liquidités. Mais la préoccupation liée à la question du cash se matérialise surtout autour d’une nouvelle crainte, celle de perdre les meilleurs collaborateurs au sein des structures. Les entreprises mettent tout en œuvre pour garantir une expérience de qualité afin de retenir les personnalités indispensables pour traverser ces périodes de crise. Ce qui les poussent à rembourser immédiatement des notes de frais ou encore à éviter à leurs collaborateurs d’avancer leurs dépenses professionnelles. Une logique qui a tendance à tendre encore plus la gestion du cash.
Améliorer le traitement des dépenses professionnelles permet-il de lutter contre les fraudes en entreprise ?
Il ne s’agit pas tant de fraude mais d’ anomalies. L’erreur est humaine. Il faut créer des technologies capables de pallier les mauvaises saisies de formulaires ou encore de détecter les incohérences. La solution pour corriger ces anomalies est d’automatiser la vérification grâce à des algorithmes. Pour les construire, il faut prendre en compte une multitude d'informations allant du ticket, à la période de congés, aux seuils de dépenses, aux schémas de validation… Seule l’intelligence artificielle peut gérer les éventuelles anomalies .
"Le marché allemand privilégie les partenaires allemands ou technologiquement réputés, comme aux États-Unis."
Vous êtes en train d’investir l’Allemagne où la culture du cash est assez présente, comment abordez-vous ce nouveau marché, quelles difficultés et opportunités présente-t-il ?
En Allemagne, l’aversion au risque est supérieure à celle de la France. Ainsi le coût du changement qu’implique l’intégration d’un logiciel de dépenses professionnelles est perçu avec méfiance. De plus, le marché allemand privilégie les partenaires allemands ou technologiquement réputés, comme aux États-Unis. Quant aux opportunités, la taille du marché est importante, et le cadre des dépenses professionnelles est particulièrement réglementé mais nous avons le savoir nécessaire pour intégrer les normes et règlements dans notre solution car nous sommes éditeurs de logiciels sur mesure. Nous nous adaptons ainsi aux besoins et attentes du pays, quel qu’il soit.
Sur un segment assez concurrentiel en matière de gestion des dépenses professionnelles, en dehors de l’internationalisation, quels sont les autres leviers de croissance ?
L’internationalisation est une des clés de croissance. L’enjeu fort des prochaines années est l’ouverture vers les États-Unis. Enfin, il est nécessaire d’adapter son offre pour se distinguer, or Jenji a la capacité d’intégrer des problématiques sectorielles au travers de moyens de paiement intelligents, connectés à la plateforme. Le futur du marché est d’être à la fois proactif et prédictif, et avec la collecte de données issues de plusieurs années d’expérience, il devient possible de créer des solutions intelligentes qui répondent avec toujours plus de précision aux évolutions des dépenses professionnelles.
Propos recueillis par Céline Toni