Wemean : "Nous sommes entrés dans l’ère de l’impact à tous les étages de l’entreprise"
Décideurs. Wemean place le "sens" au cœur de son modèle d’accompagnement stratégique des entreprises. Qu’est-ce que ce travail sur le sens change concrètement pour elles ?
Wemean. Tout ! Définir une raison d’être n’est pas qu’un exercice déclaratif, c’est un exercice performatif : dire, c’est faire. Wemean accompagne ainsi les entreprises à 360° sur une approche globale qui intègre le sens, de la stratégie à l’investissement en passant par la conduite du changement et la communication. C’est la nouvelle frontière du conseil et un atout décisif sur le marché.
La première étape de la formulation du sens est déjà une action car elle implique notamment la concertation des parties prenantes : collaborateurs, partenaires, fournisseurs, territoires, investisseurs… C’est d’emblée une mise en mouvement pour l’entreprise mais aussi tout son écosystème.
Ensuite, il est capital de traduire ce sens dans des déclinaisons stratégiques et opérationnelles, qui ont une traduction concrète. Comment la vision stratégique est-elle challengée ? Qu’est-ce que la raison d’être de l’entreprise change pour le quotidien d’un agent de maîtrise ? Comment cela modifie-t-il l’offre de produits ou de services ? Les questions sont multiples à tous les étages.
Enfin, il faut faire savoir différemment. Il ne s’agit plus de verser dans le purpose-washing en survalorisant des engagements. Il faut savoir communiquer de façon transparente, humble et objectivée. C’est d’ailleurs une opportunité pour redéfinir le leadership d’une organisation et de sa ou son dirigeant.
La Loi Pacte a célébré en mai dernier ses trois ans. Quel bilan peut-on en tirer ?
Un bilan très positif : dans une étude que nous avons menée sur "SBF120 et Raison d’être", nous avons ainsi pu constater que près de 6 entreprises sur 10 du SBF120 déclarent une raison d’être formalisée — et jusqu’à 8 sur 10 dans le CAC 40. C’est dire si les entreprises cotées se sont emparées des nouvelles dispositions ouvertes par la loi Pacte. Il est faux de dire que les marchés ne sont pas prêts : les critères extra-financiers deviennent clés pour valoriser une différenciation, réduire de nombreux risques et garantir une pérennité.
"La notion d’« impact » est devenue capitale"
La notion d’"impact" est devenue capitale. Prouver que ces démarches qui mettent le sens au cœur du modèle d’affaires ont un impact positif concret, c’est-à-dire précis et mesurable, est primordial. Nous travaillons à la définition des objectifs sociaux et environnementaux liés à la raison d’être. Sans oublier les objectifs liés à la gouvernance qui passent souvent à la trappe, alors que c’est dans ces enjeux de redéfinition du partage du pouvoir et des règles de son fonctionnement que réside le plus souvent la clé d’une transformation véritablement efficace.
Justement, pourquoi considérez-vous l’investissement à impact comme un levier important à mobiliser dans cette nouvelle étape de la loi Pacte ?
Une des premières preuves d’engagement des entreprises réside dans la réconciliation de leurs flux financiers et de leur raison d’être. Comment la politique d’investissement pourrait-elle ne pas être conforme à l’utilité de l’entreprise dans la société ? Elle en est la première traduction concrète.
L’enjeu réside moins dans le montant des sommes engagées que dans l’effet levier recherché par le financement de projets entrepreneuriaux capables, par la technologie et l’innovation, de faire passer à l’échelle des produits, solutions et services qui répondent aux grandes problématiques sociales et environnementales. Business et raison d’être vont de pair.
Cet effet levier "impact" peut se doubler d’un effet levier financier car ces projets entrepreneuriaux représentent des gisements de valeur durable.
"Une des premières preuves d’engagement des entreprises réside dans la réconciliation de leurs flux financiers et de leur raison d’être"
En accompagnant très tôt une nouvelle génération d’entrepreneurs bien déterminée à réconcilier l’initiative privée et la poursuite d’une utilité sociale par des projets porteurs de sens, les entreprises et les fonds d’investissement peuvent véritablement donner corps à l’ensemble des engagements pris dans le cadre de la loi Pacte, en cohérence avec leur projet collectif et leur stratégie.
On parle souvent indifféremment d’investissement socialement responsable (SIR), de fonds EST ou de fonds à impact. Comment vous positionnez-vous dans cet écosystème encore un peu nébuleux pour les non-initiés ?
Forts de l’expertise accumulée par une partie de l’équipe dans le secteur du capital-risque, nous intervenons sur l’activité des fonds à impact avec un prisme tech affirmé.
Nous avons la volonté d’aligner l’ensemble des acteurs intervenant dans cet écosystème (corporates, fonds venture capital (VC), family office, start-up/ scale-up) sur une contribution concrète et mesurable aux opérations de développement durable (ODD).
Nous mobilisons à cette fin nos différentes expertises pour accompagner des entreprises du SBF120 ou des ETI dans la structuration d’un corporate VC à impact ou d’une politique de fonds cohérente avec leur raison d’être et leur stratégie.
Nous accompagnons aussi des fonds, des family office et des start-up / scale-up dans la définition d’une stratégie d’impact au cœur de leur business. Notre objectif demeure à chaque fois le même : faire converger un maximum de ressources vers des produits, solutions et services viables répondant aux urgences sociales et environnementales.
Pensez-vous qu'un possible changement législatif propre à la raison d'être affecte les stratégies des entreprises ? Cela relève-t-il de la responsabilité de l'État ou des entreprises ?
L’élaboration d’une raison d’être repose d’abord sur une prise de conscience, une ambition et une décision de l’entreprise elle-même qui sert à toutes ses parties prenantes. À quoi sert mon entreprise, quelle est son utilité dans la société ? C’est la première question que se pose un entrepreneur, mais aussi un salarié comme un investisseur. La raison d’être n’est pas une contrainte mais une opportunité. Il est fondamental pour les entreprises de s’emparer de cette question. Nous sommes ravis si les pouvoirs publics continuent de montrer le chemin comme cela a été le cas, avec la Loi Pacte.
À l’heure où la préservation de l’environnement est un sujet capital, dans quelle mesure Wemean allie-t-il cet impératif à la croissance des entreprises ?
Nous pensons que les entreprises ont la capacité de faire changer les choses et de le faire rapidement, encore plus lorsque c’est la condition de leur développement. Nous en sommes précisément à ce stade. Car le sujet environnemental devient la condition de notre survie à tous. C’est une révolution plus qu’une transformation, une nouvelle frontière pour toutes les activités économiques. Comme tous les acteurs, nous avons un rôle particulier à jouer en tant que conseils auprès de nos clients. Pour nous, de façon concrète, cela passe par le développement de nouvelles expertises de conseil autour des enjeux environnementaux, notamment climatiques, sur lesquels nous sommes en train de travailler, et vite car il y a urgence !