Marta Ortega, qui est la nouvelle "patronne" de Zara ?
Nouveau style chez Inditex. Début avril, Marta Ortega prenait la présidence non exécutive du groupe fondé par son père Amancio Ortega, devenant par là même la femme dite la plus puissante d’Espagne. Celle que la presse ibérique surnomme la "Zarina" offre un nouveau visage, tant sur le fond que sur la forme, au groupe qui possède l’enseigne de prêt-à-porter Zara mais également Massimo Dutti, Bershka, Pull and Bear ou encore Oysho. Si le patriarche est connu pour sa discrétion et sa simplicité, le visage de Marta Ortega parcourt davantage les magazines people et la trentenaire n’hésite pas à incarner la célèbre marque qui a fait le succès de la famille dont la fortune est désormais estimée à 47,3 milliards de dollars par Bloomberg.
Deux parcours bien différents
Père et fille ont commencé comme vendeurs dans le retail. Mais la comparaison s’arrête là. Amancio Ortega quitte l’école à 13 ans pour aider sa famille. Après avoir travaillé comme garçon à tout faire pour une boutique de confection de chemises, puis au sein de la chaîne de mercerie et vêtements Maja, le jeune homme décide de lancer sa propre affaire. Son but ? Être indépendant, produire à la demande afin d’éviter les stocks, répondre aux besoins des clients, leur rendre accessibles des articles de mode qu’ils ne pouvaient s’offrir. C’est le début de la fast fashion. Le premier Zara ouvre en 1975, Amancio Ortega n’a pas trente ans. La suite, on la connaît.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Marta Ortega forme un tandem avec le directeur général du groupe Oscar García Maceiras
Ancienne élève chez les jésuites à La Corogne et un bac décroché dans un établissement coté en Suisse, Marta Ortega débute à Londres où elle étudie "sans grand succès mais avec ténacité" (selon El Pais) le commerce à la European Business School. À 23 ans, elle entre incognito comme vendeuse chez Zara. Si elle craint de ne pas tenir plus d’une semaine, la troisième enfant d’Amancio Ortega issue de son deuxième mariage devient presque "accro" à la boutique, où ses collègues auraient néanmoins repéré la Rolex qu’elle portait au poignet.
Une histoire de famille
Si elle n’a pas exercé de fonctions exécutives officielles au sein d’Inditex, la nouvelle présidente a oeuvré dans différents secteurs et branches internationales du groupe avant de rejoindre l'équipe de conception et de développement de produits de Zara Woman, puis de se focaliser sur la stratégie de l'enseigne et de ses produits. Femme de réseau, elle aurait participé à la notorité de la marque ainsi qu'à la mise en place de collaborations premium avec des personnalités.
La transition en haut de l’échelle du groupe a été assurée par son prédécesseur Pablo Isla, resté à ce poste plus de dix ans, après avoir repris les rênes du fondateur à sa sortie en 2011. Tout comme son père, c’est son second mariage qui semble réussir à Marta Ortega. Sa moitié, le mannequin Carlos Torretta et père de son deuxième enfant, serait un soutien sans faille tant dans sa vie privée que pour sa carrière professionnelle. L’héritière pourra également compter sur deux de ses oncles maternels bien placés au sein des directions de Zara et Massimo Dutti.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Marta Ortega touche un million d’euros par an et forme un tandem avec le directeur général du groupe Oscar García Maceiras. Ils devront répondre à de nombreux défis. Convaincre que leur binôme fonctionne, faire face à la concurrence d’une fast fashion de plus en plus développée, notamment avec des marques comme Shein, ou encore améliorer la responsabilité sociale et environnementale d’Inditex. Si lors de la nomination de Marta Ortega l’action du groupe a dévissé de 6 %, le marché est capable d’entendre les signaux positifs envoyés par la nouvelle gouvernance. Reste maintenant à les communiquer.
Olivia Vignaud