Christel Heydemann, le nouveau visage d’Orange
Le 4 avril, Christel Heydemann prenait la direction générale d’Orange. Une maison que cette polytechnicienne et ingénieur des Ponts-et-Chaussées connaît pour avoir siégé au conseil d’administration depuis 2017. Lors du renouvellement de son siège d’administratrice en 2020, l’entreprise soulignait que la quadragénaire disposait d’une solide expérience dans les domaines commercial, stratégique et numérique, en particulier dans le secteur des télécoms. De quoi cocher toutes les cases pour devenir patronne du groupe ? Il n’y avait semble-t-il qu’un pas.
Christel Heydemann a su convaincre l’État, actionnaire très présent sur les dossiers de successions stratégiques. La nouvelle dirigeante est appelée à former un tandem avec Jacques Aschenbroich. Le nom de l’ancien PDG de Valeo est proposé à la présidence du conseil d’Orange que Stéphane Richard - poussé vers la sortie sur fond d’affaire Tapie -, espérait il y a encore quelques mois pouvoir conserver. Si le futur homme fort du board est expérimenté, il n’est néanmoins pas issu du secteur. Gage que la nouvelle patronne d’Orange aura les coudées franches ? Elle a en tout cas eu voix au chapitre. "Il faut un binôme fluide où chacun connaît son rôle", a-t-elle précisé à Challenges. De quoi éviter un scénario à la Isabelle Kocher dont la passation entre l’ancien PDG d’Engie et sa dauphine n’avait pas été fluide, participant à la chute de la directrice générale de l’énergéticien.
Un goût pour le dialogue
Au-delà de son genre et de la volonté de l’État de voir davantage de femmes en haut des organigrammes du CAC40, Christel Heydemann répond au cahier des charges. Elle peut se targuer de posséder une expérience à l’international mais aussi dans les ressources humaines. Une compétence bienvenue pour diriger Orange, ex-France Télécom traumatisé par une vague de suicides avant l’arrivée de Stéphane Richard, qui a passé la première moitié de son mandat à ramener la paix sociale au sein du groupe.
La polytechnicienne et ingénieur des Ponts-et-Chaussées est connue pour son efficacité
Connue pour son goût du dialogue, Christel Heydemann a été directrice des ressources humaines et de la transformation d’Alcatel Lucent. Auparavant, elle avait occupé différents postes à responsabilité chez Alcatel, que ce soit dans le cadre de la fusion avec Lucent, lorsqu’elle a pris en charge les comptes stratégiques SFR et Orange au sein du département commercial ou encore lorsqu’elle a négocié l’alliance avec HP aux États-Unis. En 2014, l’ingénieure change de maison pour rejoindre Schneider Electric. Depuis 2017, elle y œuvrait en tant que PDG de la France, titre auquel s’était ajouté celui de DG Europe opérations quatre ans plus tard.
Des défis déjà sur la table
Christel Heydemann va également devoir convoquer une autre de ses qualités pour les mois et années à venir : son sens de l’efficacité, tel que décrit par Le Monde. Les dossiers sur sa table sont nombreux : se renforcer ailleurs que sur son marché historique qu’est la France. Dans ce cadre, des discussions sont en cours en vue d’un rapprochement entre la filiale espagnole du groupe et MásMóbil. Elle devra également accélérer dans le domaine des services numériques où Orange Bank s’est fait une place sans devenir pour autant leader. Peut-être plus délicat, le groupe doit répondre devant la justice de sa rupture brutale de relations commerciales avec Scopelec, l’un de ses plus anciens sous-traitants. Sans compter la gestion de la fin du réseau cuivre, qui lui assurait des revenus, avec le passage à la fibre. Connue pour l’énergie qu’elle met dans son travail, Christel Heydemann devrait sans aucun doute se montrer présente.
Olivia Vignaud