Depuis le début du conflit en Ukraine, Groupe SOS a accueilli 1 500 réfugiés en France et voit ce chiffre grimper jour après jour. À situation inédite, réponse inédite. L’association a besoin de l’aide de la société civile, explique son président du directoire Jean-Marc Borello. C’est pourquoi, l’ONG sera présente lors de la soirée caritative Urgence Ukraine et Démocratie du 28 mars au Pavillon d’Armenonville.

Décideurs. Quel rôle Groupe SOS joue-t-il auprès des réfugiés ukrainiens ?

Jean-Marc Borello. Nous les accueillons sur le territoire français. À l’heure où je vous parle, nous accompagnons à ce jour 1 500 personnes en Ile-de-France, 700 dans les Bouches-du-Rhône, une centaine en Moselle et en Normandie. En Ile-de-France, les réfugiés sont hébergés et bénéficient d’un suivi psychosocial quand, en Provence, nous leur proposons un accompagnement social, les personnes étant logées sur un bateau. Nous ouvrons plusieurs sites dans d’autres régions et plus de 200 salariés du Groupe SOS se sont manifestés pour apporter de l’aide à leurs collègues sur le terrain.  

Comment vous êtes-vous organisés dans l’urgence ?

L’État délègue à un certain nombre d’associations, qui peuvent travailler entre elles, l’accueil des réfugiés. D’abord pris en charge par les centres d’urgence, ceux-ci nous les adressent. Dans le cas des réfugiés ukrainiens, il s’agit surtout de femmes et d’enfants. Ils n’ont pas besoin de faire de demande d’asile pour être considérés comme protégés, leur passeport ukrainien leur suffit pour être sur le territoire et travailler pendant une période d’un an, renouvelable trois fois. Au début du conflit, nous avons loué des appart-hôtels complets afin de pouvoir les loger. Si l’État finance l’alimentation et l’hébergement, nous nous chargeons de leur ouvrir des droits, de mettre en place la garde ou  la scolarisation des enfants, d'assurer un suivi psychologique, de leur faciliter l’apprentissage du français, de les aider à trouver un emploi s’ils le souhaitent, de financer leur mobilité ou encore leur installation dans un logement plus pérenne. C’est dans ce cadre que les ressources privées sont nécessaires.

"Nous savons que beaucoup de gens vont venir en France mais pas à quel rythme, ni combien. On navigue à vue."

En quoi cette situation est-elle plus difficile à gérer que celles que vous avez pu connaître par le passé ?

Ce jeudi matin, nous avions des besoins pour 1 500 personnes, quelques heures plus tard nous étions déjà à 2 200. Dans quatre jours, nous serons probablement à 3 000. Nous savons que beaucoup de gens vont venir en France mais pas à quel rythme, ni combien. On navigue à vue. Ensuite, nous devons faire connaissance avec tous ces réfugiés, qui, pour un certain nombre d’entre eux souhaitent pouvoir rentrer en Ukraine quand d’autres veulent rester ou se diriger vers un autre pays que la France. Même pour ceux qui veulent repartir chez eux, on ne sait pas quand la situation le permettra. En attendant, il faut quand même prévoir des logements plus pérennes, pouvoir scolariser les enfants à la rentrée prochaine et trouver un emploi pour ceux qui le souhaitent.

Quel message souhaitez-vous faire passer à l’occasion de la soirée caritative du 28 mars Urgence Ukraine et Démocratie ?

Le monde associatif est entièrement mobilisé, l’État aussi mais si la société civile ne s’engage pas également, nous n’y arriverons pas. Notre travail consiste à accueillir des réfugiés mais l’ampleur des flux de populations est plus important que d’habitude, tout comme l’incertitude autour de ce qu’elles vont faire ensuite. Les mouvements spontanés des citoyens prêts à héberger sont très généreux et formidables mais ne pourront pas perdurer dans le temps. Installer des personnes dans un pays, c’est un métier, surtout pour des populations qui ont connu la guerre. Lundi, j’appelle les particuliers et les entreprises à nous aider à faire face à cette situation exceptionnelle.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

 

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Cette soirée se déroulera le lundi 28 mars au Pavillon d’Armenonville à Paris de 18h30 à 22h30.

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