Devant le Medef, 6 candidats passent leur grand oral d'économie
10 minutes, pas une de plus. Et gare à ceux qui voulaient dépasser le temps imparti. Le 21 février, six candidats à l’élection présidentielle étaient invités par le Medef à présenter leur programme économique devant un parterre de chefs d’entreprise avant d’être passés sur le grill par deux journalistes. Sur la scène symbolique de la Station F dans le 13e arrondissement de Paris, Yannick Jadot, Fabien Roussel, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Marine Le Pen et Éric Zemmour se sont succédé pour défendre leurs mesures.
Opération séduction
Chacun est resté sur ses bases. Là où le candidat communiste Fabien Roussel défend un "droit au bonheur pour tous. Pour les salariés, pour les chefs d’entreprise et donc pour le monde économique", la patronne du Rassemblement national décrit les entreprises "comme le socle de la puissance française" tandis que le représentant des Verts rappelle que "la transition environnementale se fera avec (elles) ou ne se fera pas".
Les candidats se sont aventurés sur des terrains, cher au patronat, comme la question des impôts de production. Valérie Pécresse, qui milite pour une politique de l’offre et une baisse de la dépense publique, promet, dans un premier temps, de les baisser de 10 milliards d’euros. Soit moins que les 35 milliards espérés par le Medef mais toujours mieux que la proposition d’Anne Hidalgo qui ne souhaite pas toucher à la fiscalité des entreprises. Pour leur part, Marine Le Pen et Yannick Jadot plaident pour une baisse des impôts de production mais fléchée, vers les TPE-PME pour la candidate RN, et "discriminante" pour l’écologiste, afin de ne pas favoriser les grands groupes (qui souvent émettent plus de Co2 que les petites entreprises).
"Notre préoccupation était de recentrer le débat public sur des enjeux économiques : mission accomplie"
Politiques de l’offre et de la demande
Côté salaires, Yannick Jadot souhaite une revalorisation du smic à 1 500 euros net à la fin de son quinquennat. Fabien Roussel penche pour une augmentation des salaires et des pensions. Tous deux estimant que les petits salaires sont généralement réinjectés dans l’économie réelle. La candidate socialiste souhaite une croissance du revenu minimum de 15 % tandis que Valérie Pécresse insiste pour que soient "différenciés" les "revenus d’assistance des revenus du travail". Pour ce faire, elle imagine supprimer 3 % de cotisation sur tous les salaires et "libéraliser complètement les heures supplémentaires". Ce qui permettrait un "vrai choc de pouvoir d’achat". Et pour Éric Zemmour ? La solution consiste à favoriser la hausse du salaire net car celui-ci est "trop bas et les salaires bruts trop élevés".
D’autres sujets loin d’être secondaires pour le Medef ont également été abordés, tels que la taxe carbone aux frontières européennes, les impôts de transmission, les traités de libre-échange, la réforme des retraites ou encore la transition environnementale. Si Yannick Jadot n’a pas manqué d’insister sur ce point et sa volonté d’investir massivement pour y parvenir, d’autres candidats comme la représentante LR visent davantage de sobriété. Quoi qu’il en soit, le patronat n’a pas souhaité arbitrer. "Notre préoccupation était de recentrer le débat public sur des enjeux essentiellement économiques, et également sociaux : mission accomplie", s’est félicité Geoffroy Roux de Bézieux. Reste à voir pour qui voteront les chefs d’entreprise, l’actuel président étant en tête pour le moment sur cette catégorie de population, selon un sondage publié en novembre par OpinonWay.
Olivia Vignaud