Croissance bleue : le Blue Forward Fund de Seventure Partners appareille avec un horizon de 130 millions d’euros
Spécialisé dans les technologies digitales, les sciences de la vie et le sport & bien-être, Seventure Partners, avec 900 millions d’euros sous gestion à fin 2021, étend son périmètre à l’économie bleue avec un nouveau fonds de capital-innovation, baptisé Blue Forward Fund.
Ambitionnant de réunir 130 millions d’euros, celui-ci bénéficie d’ores et déjà du soutien du réseau des Banques Populaires (Groupe BPCE) qui s’est engagé à hauteur de plus de 30 millions d’euros en tant qu’investisseur et partenaire.
Via sa banque mutualiste Crédit Maritime, BPCE dispose, à titre complémentaire, d’une large implantation dans l’écosystème des professionnels de la mer. En 2020, le fonds d’investissement Mer Invest, filiale de Banque Populaire Grand Ouest, a accompagné six projets d’entreprises pour un total de 1,8 million d’euros. Doté de 10 millions d’euros, il oriente ses investissements vers des secteurs maritimes variés (pêche, cultures marines, biotech, nautisme, plaisance…), rapportaient nos confrères de La Tribune le 22 février 2021.
Seventure Partners s’est attaché les compétences d’un expert du sujet en la personne de Pierre Erwes, fondateur de BioMarine, qui se définit comme une structure dédiée à la croissance bleue au croisement de la recherche, du business et de l’investissement.
Pierre Erwes, qui a récemment rejoint le fonds comme venture partner, a créé en août 2021 Alliga, société de conseil et d’assistance pour les entreprises désireuses de développer une stratégie RSE et commerciale dans le secteur des bioressources marines et des algues. Alliga produira et vendra des rapports, études de marché, études d’impact et des statistiques sur ces secteurs aux entreprises, investisseurs et organisations internationales.
Jusqu’à 10 millions d’euros par société, de l’amorçage au capital-développement
Le nouveau véhicule ciblera une vingtaine de sociétés innovantes depuis la création de l’entreprise : de l’amorçage au premier tour jusqu’au financement de capital développement (venture, growth, pre-IPO et IPO), avec des montants investis entre 500 000 euros et 5 millions d’euros par tour, et jusqu’à 10 millions d’euros par société, avec un prisme géographique principalement tourné vers la France et l’Europe, mais susceptible de s’ouvrir vers d’autres pays comme Israël, l’Asie et l’Amérique du Nord, en fonction des opportunités. Parmi les domaines d’action qui devraient plus particulièrement mobiliser les ressources collectées figurent, entre autres, les énergies renouvelables marines, les produits biosourcés et bio-manufacturés, tels que le bioplastique, l’aquaculture durable, la préservation des océans et la digitalisation de la filière.
Le nouveau véhicule ciblera une vingtaine de sociétés innovantes depuis la création de l’entreprise jusqu’au financement de capital développement.
La croissance bleue : un vivier de profits à portée de main
L’économie bleue recèle des profondeurs insoupçonnées : seuls 15 % de la biodiversité marine seraient connus (300 000 espèces), alors que la mer recouvre 70 % de notre planète. "Si le marché mondial des biotechnologies bleues est estimé à 2,8 milliards de dollars (croissance de 10-12 % par an), c’est parce qu’il est difficile de mesurer la part des biotechnologies bleues dans les biotechnologies, et parce que les ressources marines trouvent leurs applications dans des marchés qui ne sont pas "maritimes" en eux-mêmes", confiait Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du cluster maritime français, à la revue de Polytechnique La Jaune et la Rouge en 2016 déjà ! Quant au marché annuel des bioressources marines, il représenterait une manne de près de 226 milliards de dollars, notait Pierre Erwes dans une tribune parue sur le site de BioMarine en 2018.
Seuls 15 % de la biodiversité marine seraient connus (300 000 espèces), alors que la mer recouvre 70 % de notre planète.
Une Europe à la manœuvre également sur sa façade maritime
La démarche de Seventure Partners s’inscrit dans la stratégie définie par les autorités européennes en matière d’investissement en faveur des mers et des océans. En Europe, près de 4,5 millions de personnes vivent de la mer produisant un chiffre d’affaires de 650 milliards d’euros pour une valeur ajoutée brute de 176 milliards d’euros. Le Fonds européen d'investissement (FEI), qui fait partie du Groupe Banque européenne d’investissement (BEI), estime que les fonds de capital-risque et de capital-investissement sont appelés à jouer un rôle essentiel dans les années à venir pour soutenir les technologies et l'innovation durables nécessaires pour préserver les océans, mers et littoraux constituant le pilier de l'économie bleue, un secteur stratégique à haute valeur ajoutée.
En Europe, près de 4,5 millions de personnes vivent de la mer produisant un chiffre d’affaires de 650 milliards d’euros pour une valeur ajoutée brute de 176 milliards d’euros.
En 2020, la Commission européenne et le FEI ont lancé le fonds BlueInvest, doté de 75 millions d’euros, en faveur de l’économie bleue. Par le biais de cette initiative, le FEI investira dans des fonds ciblant partiellement ou entièrement des activités économiques, notamment le capital naturel ou culturel, l'énergie océanique, la lutte contre le réchauffement climatique, l'inclusion des communautés côtières et une meilleure protection de ces zones. Les fonds et les sociétés de portefeuille peuvent également bénéficier simultanément de subventions dans le cadre des appels à propositions ouverts de la DG MARE.
Emmanuelle Serrano