Des dirigeants de TPE/PME globalement confiants mais que la hausse des prix, les ruptures d’approvisionnement et les difficultés à recruter inquiètent. Ce sont les grandes conclusions qui ressortent de l’étude menée auprès de 4 433 TPE/PME hexagonales par le Cercle Perspectives, collectif de 17 cabinets d’expertise comptable, en collaboration avec l’institut d’études marketing Init.

Avec 697 000 prêts garantis par l’État (PGE) souscrits par les entreprises dans le sillage de la crise sanitaire, rien de surprenant à ce que la solidité financière soit une des préoccupations majeures des patrons de TPE/PME interrogés par le Cercle Perspectives pour son étude « Après 2 ans de crise, où en sont les TPE et PME ? ». L’association qui rassemble un peu plus d’une dizaine de cabinets d’experts-comptables ayant pignon sur rue (TGS France, Cogep, In Extenso, Orcom, etc.), a sollicité les clients de ses adhérents en décembre 2021 sur quatre grands chapitres. Outre la robustesse financière, l’organisme leur a demandé de se pencher sur trois paramètre clés : le développement économique, les ressources humaines et la capacité de production.

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Des commerçants et acteurs du CHR surnageant dans un océan d’optimisme

Si quelques incertitudes continuent de planer au-dessus des têtes des dirigeants de TPE/PME, ces derniers gardent néanmoins un moral globalement au beau fixe (74%) concernant la solidité financière de leurs sociétés sur les trois prochaines années. Huit sur dix envisagent un chiffre d’affaires identique ou supérieur à 2019.

Un enthousiasme qu’il convient néanmoins de nuancer suivant les secteurs. Les moins optimistes (26%) sont principalement les TPE de moins de 5 salariés actives dans les filières de la restauration et de l’hébergement. Elles sont 27% à tabler sur un chiffre d’affaires 2022 inférieur à celui de 2019, en dépit des aides gouvernementales (PGE, allocation d’activité partielle et fonds de solidarité entreprise) dont elles ont bénéficié. L’inquiétude des TPE du secteur de l’hébergement ainsi que du commerce se reflète d’ailleurs dans l’importance que celles-ci accordent à leur structure financière. Pour plus de 95% d’entre elles, c’est le souci numéro un, confirme l’enquête.

L’inquiétude des TPE du secteur de l’hébergement ainsi que du commerce se reflète d’ailleurs dans l’importance que celles-ci accordent à leur structure financière. Pour plus de 95% d’entre elles, c’est le souci numéro un, confirme l’enquête.

Il faudra étendre les aides à presque l'ensemble du commerce ", déclarait d’ailleurs le 18 janvier Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CDF) en commentant le mauvais démarrage des soldes, en recul de près de 30% par rapport à l'avant-crise. Privés de clients par le télétravail, les commerçants sont particulièrement à la peine, selon l’association professionnelle.

Le remboursement des PGE cristallise nombre des angoisses des petits patrons de TPE/PME. Ainsi, 67% des sociétés interrogées ont bénéficié d’une ou de plusieurs aides financières. Sans surprise, le PGE arrive en tête (54%). Une écrasante majorité de patrons (84%) ne l’ont pas encore remboursé et 34% d’entre eux anticipent des difficultés à le faire, rejoignant le constat fait par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) dans son enquête Covid 19 du 6 décembre 2021. En outre, 29% du millier d’entreprises interrogées y estimaient ne pas avoir la capacité de rembourser leur PGE dans les conditions actuelles (taux, durée d'emprunt).

La Médiation du crédit encore au charbon

" Les récentes annonces faites par le gouvernement comme la prolongation du délai de remboursement des PGE de 6 à 10 ans pour les entreprises en grande difficulté vont dans le bon sens. Il serait souhaitable que celles qui sont dans une situation délicate aujourd’hui et n’y ont pas accès aujourd’hui puissent en bénéficier demain ", déclare Laurent Chapart, président du Cercle Perspectives et PDG du cabinet Gogep.

"​​​​​​​ Les récentes annonces faites par le gouvernement comme la prolongation du délai de remboursement des PGE de 6 à 10 ans pour les entreprises en grande difficulté vont dans le bon sens (...). "

Le 4 janvier, Bercy a confirmé que les entreprises pourraient se tourner vers la Médiation du Crédit pour étudier les solutions proposées par le gouvernement : soit étaler leurs versements jusqu’à dix ans, contre six initialement, ou bien commencer à rembourser non pas au printemps mais six mois plus tard à la fin de l’année. La CPME a applaudi des deux mains la nouvelle. Mais seules les structures déjà en très grande difficulté ayant auparavant accumulé des impayés avec leurs fournisseurs, l’Urssaf, leurs bailleurs, etc. pourront demander à bénéficier de ces facilités, selon Frédéric Visnovsky, médiateur du crédit auprès de la Banque de France, interrogé à ce sujet par l’Echommerces le 3 février.

Tensions sur les RH et la supply chain

Autre paramètre à obérer de façon négative la croissance de certaines entreprises : les recrutements. Pour 91% d’entre elles, ces difficultés impactent leur niveau d’activité. " Les entrepreneurs et patrons que nous avons sollicités pour notre étude sont confiants dans leur avenir et cela mérite d’être souligné. Les carnets de commande sont plutôt bien remplis. Quelques difficultés subsistent, notamment celles liées aux tensions sur les approvisionnements (composants électroniques, matières premières) et les recrutements. Mais sur ce dernier point, les employeurs consentent des efforts. Dans le domaine du CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants), un réajustement des rémunérations a été enclenché avec un rattrapage de 16% des minima conventionnels. C’est un point positif, même si certains étant au-dessous du SMIC, cela ne sera pas perceptible dans ces proportions pour tous les salariés ", rappelle Laurent Chapart.

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La hausse des prix des matières premières aura également une incidence sur les prix proposés pour plus de 8 entreprises sur 10. Les plus solides répercuteront cette hausse, celles en souffrance s’en abstiendront, selon l’étude. De même, les acteurs de la bancassurance et de la santé n’expriment pas de réelle angoisse à ce sujet, à l’opposé des industriels, agriculteurs, acteurs du BTP et du CHR.

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Côté approvisionnements, les ruptures perturbent 69% des répondants à l’enquête. Avec 25% seulement des entreprises qui considèrent avoir le temps et les ressources nécessaires pour élaborer une stratégie pour faire face aux risques (cyberattaques comprises) susceptibles de pénaliser leur activité, les patrons restent structurellement sous pression, Covid 19 ou pas. Et, sans surprise, les politiques sociale et environnementale ne font pas non plus partie de leurs priorités.

Emmanuelle Serrano

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