Discrètes, ces entreprises contribuent à réindustrialiser la France
MP Hygiène, c'est du propre
Le nom de MP Hygiène ne vous dit rien ? Pourtant, il y a fort à parier que vous avez utilisé des produits du groupe ardéchois depuis le début de la crise sanitaire. C’est notamment le cas des masques jetables vendus sous la marque Jet ou des 100 000 litres de gel hydroalcoolique fabriqués chaque jour sous la marque Sanitizer. Mais la société n’est pas née à la suite de la Covid-19, elle s’inscrit dans l’histoire. C’est en 1865 que le patriarche Louis-Alexis Miribel fonde les Établissements Miribel, spécialisés dans la récupération de produits textiles. Les années passent et l’intégralité du capital reste dans les mains des membres de la famille qui perpétuent la tradition. Aujourd’hui, Marc dirige les 250 collaborateurs de l’entreprise, assisté par les plus jeunes, Pierre et Laure. Depuis 2007, la société se nomme MP Hygiène (Manufacture de produits d’hygiène) et propose une gamme diversifiée : essuie-tout, papier toilette, savon, gants jetables… Fiers de leurs racines ardéchoises, les Miribel partent à l’assaut du monde et sont implantés dans 76 pays, même si la majorité de leur chiffre d’affaires provient de l’Hexagone.
Crosscall, résistant et étanche
Lorsqu’une personne brise ou noie son téléphone, elle se contente de pester puis file en acheter un nouveau. Pas Cyril Vidal. Après avoir cassé son appareil lors d’une sortie en jet-ski en 2009, il décide de créer sa société spécialisée dans la fabrication de portables étanches et résistants. D’abord destinés aux sportifs, la production attire peu à peu l’univers du BtoB. Parmi les principaux clients, le secteur du BTP ou la SNCF qui, en 2019, a acheté 21000 pièces. En 2021, le groupe basé à Aix-en-Provence frappe un grand coup en remportant un appel d’offre pour le compte de la police nationale. Les "Bleus" passent un contrat portant sur la production de 200000 appareils. De quoi consolider la trésorerie de Crosscall dont le chiffre d’affaires annuel atteint près de 70 millions d’euros en 2021.
Greentech, les Auvergnats conquièrent le monde
Saint-Beauzire est une petite commune de 2 200 habitants située à quelques encablures de Clermont-Ferrand. Sur son territoire sont implantées deux grandes entreprises d’envergure internationale : Limagrain, quatrième semencier mondial, et Greentech. Le groupe, fondé en 1992 par Jean-Yves Berthon, fait figure de pionnier de la biotechnologie végétale, secteur peu connu du grand public qui développe des produits et des éléments pour la cosmétique et la pharmacie à partir de plantes, de micro-organismes ou d’algues. Sa spécialité : les soins de la peau (anti-repousse de poils, protecteur d’ADN, régulateur de cycle cellulaire…). Cela nécessite un savoir-faire pointu, combiné à un effort d’innovation, assurant une "rente" à l’entreprise qui ne cesse de grandir, notamment à l’international grâce à des filières en Allemagne, aux États-Unis, à Taïwan et en Inde. La successstory de ce fleuron du capitalisme auvergnat peut se résumer en un chiffre : entre 2017 et 2020, le CA est passé de 21 à 33 millions d’euros, soit une hausse de 57 %.
Chamatex, un groupe bien dans ses baskets
Oui, il est possible d’ouvrir une usine de textile en France en 2021. La preuve avec l’usine ASF 4.0 (Advanced Shoes Factory) inaugurée en septembre à Ardoix en Ardèche par Chamatex. Le site ambitionne de produire 500000 paires de chaussures par an d’ici à 2023 pour des marques techniques telles que Salomon, Millet ou Babolat. Mais le groupe ne s’occupe pas seulement de vos pieds. Depuis 1980, il s’est spécialisé dans le textile à forte valeur ajoutée, que ce soit pour des uniformes corporate (armée, compagnies aériennes), l’ameublement ou la maroquinerie de luxe. La société dirigée par Gilles Réguillon compte 200 collaborateurs, fabrique 10 millions de m2 de textile chaque année. 40 % de la production est vendue à l’export et le chiffre d’affaires du groupe dépasse les 40 millions d’euros.
Lucas Jakubowicz