J-L. Mentior (M5) : "Les secteurs gagnants ? L'agroalimentaire, l'industrie et l'energie"
Décideurs. Quels sont les éléments marquants de ce classement ?
Jean-Louis Mentior. D’abord, le taux de croissance des 500 entreprises du classement est largement inférieur en 2020 à ce qu’il a pu être par le passé. On observe une croissance moyenne annuelle de moins de 10 % par rapport à 2019, contre plus de 16 % les trois années précédentes. Le ralentissement est donc très net et hautement significatif. Ensuite, alors que les entreprises en croissance de notre classement créent traditionnellement de l’emploi chaque année (plus de 10 % de hausse du nombre de collaborateurs entre 2016 et 2019), le coup de frein est brutal car l’emploi créé entre 2019 et 2020 ne dépasse pas 1 % de leur masse salariale !
Observe-t-on des différences en fonction de la taille de leur chiffre d’affaires ?
Tout à fait. Les grandes structures (les 250 plus grands chiffres d’affaires du classement) voient leur taux de croissance presque divisé par deux en 2020 (16 % les années précédentes contre 9 % en 2020). Alors que pour les plus petites structures (les 250 plus petits chiffres d’affaires du classement) le taux de croissance passe de 25 % à 15 %. Pour l’emploi, la chute des grandes structures est encore plus marquée puisque la croissance de l’emploi passe de 10 % annuel à -1 % en 2020 : les grands ont été contraints de supprimer des postes. Tandis que pour les petits, qui se situent en moyenne à 25 % par an, le taux de création d’emplois tombe à 15 % en 2020.
Au niveau des secteurs, quels sont les gagnants, les mal lotis ?
Il convient de faire une réponse nuancée car la situation est complexe… Tout d’abord, on observe que certains secteurs semblent moins présents, en nombre, cette année par rapport aux classements des années précédentes. C’est le cas pour les loisirs, les médias et le "retail" par exemple. D’autres secteurs semblent présenter en 2020 des taux de croissance supérieurs à la moyenne : les entreprises technologiques, la santé, les services, le luxe, les logiciels, les cosmétiques et la distribution. Les secteurs gagnants sont l’agroalimentaire, l’industrie et l’énergie, avec de nombreux développements d’énergies renouvelables. Ces observations sont à modérer du fait que nous n’avons pas une sélection d’entreprises identique chaque année, et qu’il serait aisé de porter des conclusions trop hâtives. L’agroalimentaire pèse 15 % des entreprises du Top 500, une proportion similaire à celle de l’industrie.
Propos recueillis par Olivia Vignaud