Cabinet à taille humaine emmené par trois associés, Reboul & Associés conseille aussi bien des grands groupes que des start-up. La boutique a participé à la belle vague d’opérations M&A, de private equity et de financement connue en 2021. Guillaume Reboul, associé, revient sur son rôle d’avocat et son adaptation à des dossiers toujours plus complexes.

Décideurs. Comment fonctionne le cabinet Reboul & Associés ? Quelles sont ses spécificités ?

Guillaume Reboul. Nous sommes un cabinet à taille humaine composé d’avocats issus de structures de premier plan. Nous essayons d’allier la réactivité et la rigueur des grands cabinets avec la flexibilité d’un plus petit. Avoir une équipe de taille restreinte permet de bénéficier d’une communication fluide et de prendre des décisions rapides. Nous sommes aujourd’hui trois associés. Nous travaillons avec d’autres cabinets sur des matières spécifiques, comme la propriété intellectuelle ou encore le droit social, et disposons également d’un réseau de partenaires étrangers.

En 2021, vous accueilliez un nouvel associé, en la personne d’Éric Bérengier. Quelle nouvelle corde apporte-t-il à votre cabinet ?

Éric Bérengier est spécialisé en tax, ce qui nous permet de proposer une expertise supplémentaire autour du M&A, du private equity et du financement, nos activités principales. Il exerçait jusque-là en tant qu’international counsel au sein du cabinet américain Debevoise & Plimpton par lequel je suis également passé. Arrivé en mai 2021, Éric est déjà très impliqué sur tous nos dossiers dont ceux de nos clients historiques. Il a, par exemple, travaillé sur les opérations que nous avons réalisées avec Babilou ainsi que sur les aspects structuration d’une opération de LBO sur laquelle nous intervenons.

Justement, pourriez-vous nous citer quelques opérations sur lesquelles Reboul & Associés a été à la manœuvre en 2021 ?

Nous avons notamment conseillé Dassault Systèmes qui est entré, aux côtés d’Habert Dassault Finance et Swisscom Ventures, au capital de l’éditeur d’analyse prédictive des réseaux sociaux Bloom. Nous avons également accompagné le groupe dans le cadre de l’acquisition de la société Iterop. Le cabinet est intervenu sur le rachat du laboratoire Bio-Santis par Biogroup, deuxième acteur européen de la biologie médicale. Nous avons aussi été aux côtés du spécialiste de la supervision musicale Creaminal lors de son rapprochement avec Alter K ou encore sur les levées de fonds du concepteur de constellation de nano satellites d’observation Prométhée, de l’éditeur de logiciel Bridge Audio, de l’éditeur de jeux vidéo Dogami et de la medtech Fineheart.

"Nos relations avec les start-up se basent  sur un véritable intuitu personae"

Votre clientèle est donc assez variée…

Oui. Elle va de la start-up – surtout dans les domaines de la tech et de la santé – au groupe du CAC40 en passant par des PME plus traditionnelles. Dassault Systèmes est l’un de nos clients historiques avec Babilou et Efeso Consulting. Nous connaissons donc bien tout ce qui touche au software, domaine dans lequel nous avons réalisé de nombreuses opérations d’acquisition et de capital-investissement, ainsi que le domaine de la santé et du service. Nos nouveaux clients viennent en général par le bouche-à-oreille. Nous travaillons aussi beaucoup sur le sujet des énergies renouvelables. Olivier Mourain développe avec succès l’activité de capital-investissement, avec des levées de fonds significatives dans la biotech, la greentech ou encore l’enertech.

Quel est l’intérêt pour un cabinet comme le vôtre, qui travaille avec de grands groupes, de vous tourner vers les start-up ?

Nos relations avec les start-up se basent sur un véritable intuitu personae. Lorsque nous sentons qu’une jeune société a du potentiel, que ce soit par son activité ou grâce aux personnes qui l’ont créée, nous nous investissons pleinement. Nous sommes les partenaires de celles qui peuvent devenir plus tard un client avec une surface d’activité plus importante et que nous aurons connues dès le début. À titre d’exemple, Babilou reflète bien notre mode de fonctionnement. Nous avons travaillé sur sa première levée de fonds en 2008. Nous l’avons ensuite assisté sur les suivantes puis sur la quasi-totalité de leurs croissances externes en France et parfois à l’étranger (Belgique, Allemagne, Luxembourg, USA). Aujourd’hui, Babilou est devenu un acteur mondial et c’est une fierté pour nous d’avoir contribué à ce succès.

Comment définiriez-vous votre accompagnement ?

Nous adaptons sans cesse nos conseils à nos différents types d’interlocuteurs. C’est difficile mais c’est ce qui rend le métier intéressant. Un fondateur de start-up n’a pas les mêmes besoins qu’un dirigeant associé de PME familiale ou que le juriste senior d’un groupe coté. Au fondateur, nous prodiguerons des conseils plus généraux et structurants quant à ses opérations : aller voir des fonds, signer une lettre de confidentialité, ne pas trop diluer le capital, etc. Nos conseils à un dirigeant de PME familiale porteront davantage sur les sujets patrimoniaux, fiscaux et globaux, comme la gestion des salariés et les restructurations. Quant aux grands groupes, ceux-ci ont des besoins plus pointus et nécessitent une grande réactivité au regard du nombre souvent important d’intervenants.

 "On note une sophistication accrue  des opérations"

Constatez-vous davantage de volonté des grandes entreprises à investir dans les start-up ?

C’est un phénomène qui n’est pas nouveau mais de plus en plus fréquent : les corporates misent sur les technologies qu’elles espèrent être des technologies d’avenir. On note également une sophistiction accrue des opérations. Relativement simples auparavant, elles utilisent de plus en plus de techniques du private equity. Par exemple, nous avons conseillé une société de logiciels cloud sur une émission de BSA Air, alternative aux outils de financement traditionnels. 

Les grandes entreprises s’intéressent de plus en plus aux start-up, les montants des levées de fonds s’avèrent de plus en plus importants. Qu’est-ce que cela implique pour vous ?

Nous avons un rôle de pédagogie sur les instruments mis en place qui peuvent être parfois compliqués et sur leurs conséquences économiques ou sur la gouvernance pour les sociétés. Maintenant, même sur de petites levées de fonds, on voit des business angels appliquer des mécanismes de préférences et de gouvernance assez favorables aux investisseurs. Notre rôle est de protéger les jeunes sociétés lors de la négociation de 
 ces opérations.

En 2021, au niveau mondial, les opérations, notamment de M&A, se sont multipliées. Avez-vous constaté cette tendance au sein de votre activité ?

2021 devrait être notre première ou deuxième meilleure année depuis la création du cabinet il y a seize ans. On avait déjà constaté une très belle reprise après la précédente crise en 2008. Je pense qu’il s’agit en partie d’un rattrapage mais aussi qu’il y a beaucoup de fonds à investir sur le marché. En outre, des domaines comme les technologies ou la santé au sens large, sont en pleine croissance et des rapprochements s’opèrent. Or, il s’agit de secteurs que nous connaissons très bien.

Quels sont vos projets pour 2022 ?

Recruter, recruter et recruter. Ce n’est pas simple car le marché est tendu et il faut faire en sorte que, malgré la quantité de travail, les gens apprécient de venir au cabinet. Nous devons permettre d’allier une qualité de vie en parallèle de l’exigence requise sur les dossiers. Chez nous, les collaborateurs sont totalement en direct avec nos clients. Nous sommes une structure à taille humaine. Il n’y a pas de hiérarchie, tout le monde est impliqué. Nous envisageons également de nous renforcer côté associés en M&A et private equity. 

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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