Tribune. Repensons la dynamique entrepreneuriale et réarmons l’industrie française
L’Europe entière souffre. Son économie est soumise à la pression des Gafam, à la domination de leur potentiel d’innovation, à la concurrence des émergents. Pourtant, parmi les nations d’Europe, l’Hexagone souffre plus que les autres. Ainsi, la part de l’industrie dans le PIB ne s’élève qu’à 12% en France contre 21% en Italie ; notre taux de chômage était, en 2019, supérieur de 2,2 points à la moyenne de l’UE ; notre déficit atteint 65,2 milliards d’euros en 2020, quand nos voisins allemands connaissaient un excédent de 223 milliards d’euros.
Ces piètres résultats ont été obtenus avec une dépense publique à 58% du PIB contre 48% en moyenne dans l’UE. Triple punition : inefficience économique, taxation et chômage.
C’est donc bien au mal français qu’il faut répondre. Appartenant dans ses gênes et par son histoire à la famille de la libre entreprise, non par dogmatisme, mais parce que c’est là que se crée le bien-être de tous, y compris des plus modestes, le groupe parlementaire LR, fort de ce constat propose quelques pistes pour rendre aux entreprises françaises leur éclat.
Pout faire de la maison France un site de croissance et de production, quatre axes s’imposent : restaurer, libérer, produire et conquérir.
Il nous incombe d’abord de restaurer la compétitivité de nos entreprises dans la mondialisation. Aujourd’hui la France souffre au moins autant de la concurrence intra-européenne qu’extra-européenne. Il s’agit donc de mettre nos entreprises au même niveau de compétitivité que leurs grands compétiteurs européens. Il nous faut également faire preuve de fermeté face à l’esprit prédateur des puissances émergentes et aux pratiques de dumping agressives ayant des conséquences dramatiques sur l’économie européenne et sa population.
Pour répondre à cette exigence de compétitivité, deux mesures phares s’imposent. Il s’agirait d’abord d’ériger en règle intangible l’interdiction de "surtransposition" des directives européennes qui pèse, de façon injustifiée, sur l'attractivité de la France en Europe et dans le monde. En outre, sur le plan fiscal, nous proposons de réduire de 30 milliards d’euros les impôts de production (en plus des 10 milliards promis par le Gouvernement) en compensant la perte de recettes que cela implique pour les collectivités territoriales par une part de TVA et une dotation de l’État.
L’enjeu est aussi de libérer le travail pour permettre au salarié et à l’entrepreneur de renouer avec un destin commun. Car nulle économie n’a jamais prospéré sans la confiance et la liberté laissées aux agents économiques d’épanouir leurs talents. En dehors d’activités stratégiques où la main de la puissance publique ne peut trembler, la grande maxime d’action est : autant de liberté que possible, autant d’État que nécessaire.
Inscrire dans la Constitution une règle d'or de stabilité fiscale fixant un seuil minimum d'imposition
Une telle ambition passerait nécessairement par l’inscription, dans la Constitution, d’une règle d’or de stabilité fiscale fixant un seuil maximum d’imposition. Elle se traduirait également par l’impossibilité pour le Parlement de modifier plus d’une fois par législature un même impôt, sauf dans le cas où il s’agirait d’en diminuer le taux ou l’assiette.
Par ailleurs, l’urgence est également à la promotion du produire sur notre territoire. Il est temps de tourner le dos à l’aveuglement de ceux qui ont cru que notre pays pouvait se contenter d’une économie de services et se passer du savoir-faire de nos ouvriers qui fait également la fierté de la France. Un pays sans usines est un pays déclassé. Mais l’industrialisation ne se promeut pas par décret, elle suppose un environnement favorable et la réhabilitation de son image.
Créer les conditions de la réindustrialisation de notre pays n’est possible qu’en redynamisant nos secteurs stratégiques en redéfinissant ces derniers et en modulant les taux des taxes aux frontières européennes selon la nature des produits concernés. De telles mesures permettraient de renforcer durablement notre indépendance vis-à-vis des puissances extérieures.
Enfin, il nous faut impérieusement retrouver un esprit de conquête et d’innovation. L’économie française n’a jamais été grande que quand elle a été portée par un grand dessein. Pour renouer avec cet esprit de conquête, il nous faut retrouver les conditions favorables à l’émergence de nouveaux grands champions français.
Afin de réveiller ces géants de demain qui doivent incarner l’avenir de notre pays, il convient à la fois de stimuler l’investissement dans ces entreprises, mais également de faciliter les transmissions intrafamiliales. Dans cette perspective, nous proposons de supprimer les droits de succession sur les transmissions intrafamiliales des PME et ETI avec, en contrepartie, un engagement de conservation de l’entreprise sur le long terme pour préserver les savoir-faire, les emplois et réduire considérablement du risque de prédation.
C’est ce projet de société qui nous a conduit à la création d’un groupe de travail qui vient de rendre un livret de 30 propositions "pour une relance économique durable." C’est un projet qui aspire à construire ensemble la nouvelle Tour France, pour une génération, celle du redressement.
Nicolas Forissier, député LR de l'Indre
Jean-Louis Thiériot, député LR de Seine-et-Marne
Stéphane Viry, député LR des Vosges