T. Rambatomanga (Stephenson Harwood) : "Grâce à la loi Pacte, le meilleur du private equity se démocratise"
Décideurs. Quelle est aujourd’hui la dynamique de Stephenson Harwood en France ?
Tiana Rambatomanga. La croissance ! Nous fêtons nos vingt ans et prenons un nouveau virage. Ces trois dernières années, le cabinet s’est considérablement développé avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’associés.
Ce mouvement s’est intensifié en 2020 en accueillant Guillaume Briant en M&A, Jeremy Grant en capital markets et Olivier Couraud en fiscalité. En 2021, Jean-Julien Lemonnier crée la pratique concurrence, Soazig Préteseille lance le pôle droit social, Laurence Hanley vient renforcer l’équipe aviation finance et Clotilde Billat, associée private equity rejoint l’équipe corporate. Cette évolution correspond également aux changements stratégiques portés par de nouveaux leaders, Eifion Morris, notre CEO et Nicolas Demigneux, qui dirige Paris.
Vous avez conseillé Apax Partners dans le cadre du lancement de leur fonds Apax Private Equity Opportunities (APEO), en quoi est-ce une innovation ?
Il s’agit d’un fonds evergreen, structure peu répandue en France, qui donne accès aux particuliers au segment du capital-investissement, habituellement réservé aux investisseurs professionnels, à travers leurs contrats d’assurance-vie proposés par des assureurs sélectionnés par Apax. APEO permet ainsi au meilleur du private equity, celui des institutionnels, de se démocratiser habilement en s’appuyant sur la loi Pacte.
Les épargnants bénéficient pleinement de la stratégie qu’Apax déploie pour ses fonds professionnels amiraux. Ce produit innove, car il offre véritablement aux particuliers la même qualité d’investissement et de performance brute du portefeuille. Il n’y a pas de "stock picking", ce fonds fera les mêmes deals en co-investissant aux côtés des autres véhicules d’Apax. Cela garantit aux particuliers "le" véritable accès à l’expertise et à la performance d’un gérant de private equity. APEO crée un alignement d’intérêts idéal et exceptionnel, entre l’épargnant, l’assureur, l’équipe de gestion, le fonds qui cristallise l’épargne des investisseurs retail et les véhicules professionnels.
En outre, ce produit hybride dispose d’un cadre fiscal privilégié, celui de l’assurance-vie. Enfin, c’est un moyen de mobiliser une épargne importante pour financer l’économie réelle et la croissance durable des entreprises.
"Le règlement SFDR oblige tous les fonds d’investissement européens à déclarer leurs positionnements au titre de leur politique ESG"
Le règlement européen Sustainable Finance Disclosure (SFDR) est entré en vigueur le 10 mars, quelles conséquences pour les fonds ?
Ce règlement oblige tous les fonds européens à déclarer, tout comme leurs gérants, leur positionnement au titre de leur politique ESG à travers quatre niveaux d’engagement. Bien sûr, le greenwashing ne sera pas totalement empêché mais cela impose une prise de position lisible et publique.
Les réactions ont été inégales. Le retour a été positif chez les LPs dont certains se sont empressés de faire le point avec leurs gérants de fonds. Côté GPs, cela a parfois été moins bien vécu. Le règlement prévoit en effet l’application de normes techniques non encore parues. Des engagements doivent donc être pris par les fonds sans connaître les conséquences en termes d’obligations ou de reporting. Le régulateur français ayant été moins proactif que certains de ses voisins pour accompagner l’industrie, nous avons dû répondre à certaines inquiétudes, légitimes, de nombreux fonds.
Soulignons par ailleurs, qu’en matière de durabilité, il y a la vertu ESG imposée mais il y a aussi de la vertu initiée. Par exemple, nous intervenons de plus en plus sur des initiatives de carried interest environnemental. Cela fait partie des engagements auxquels nous prenons un réel plaisir à conseiller les fonds.
Propos recueillis par Béatrice Constans