Alors que 2020 avait vu les défaillances d’entreprises reculer de près de 40 % malgré la crise sanitaire, le premier trimestre annonce un revirement de la situation, marqué par une forte hausse du nombre de liquidations judiciaires. Maintenues sous perfusion jusque-là, les TPE et PME craignent une réduction, voire la suspension des mesures d’aide.

Le chiffre est tombé. Sept mille. C’est le nombre de défaillances enregistrées au cours du premier trimestre de l’année. S’il peut sembler important il reste en deçà des 9000 comptabilisées l’an dernier à la même époque, énonce l’étude d’Altares. Ces défaillances n’aboutissent pas forcément à une liquidation de la société lorsque celle-ci peut être maintenue à flot. Avec huit jugements sur dix, ce mois de mars 2021 établi un nouveau record et souligne le caractère expéditif des procédures alors qu’elles dépassaient à peine six sur dix l’an dernier.

Un retournement de situation en mars

En apparence, le nombre de procédures fléchit, et les mois de janvier, février et mars enregistrent respectivement des diminutions de leur nombre de 35 %, 45 % et 13 %. Pourtant le seul mois de mars souligne l’évolution inverse de la courbe par une hausse inouïe de 211 % des liquidations directes par rapport au premier trimestre 2020. L’événement traduit la réalité économique malgré les efforts du gouvernement pour endiguer la crise. En outre, la réouverture des tribunaux, fermés en 2020 et engorgés par l’afflux de procédures, ne favorise pas les prévisions pour les prochains trimestres.

Les entreprises inégalement affectées

Les plus touchées sont les TPE puis les PME de moins d’une centaine de salariés. Près des trois quarts des procédures concernent les entreprises de moins de trois salariés et se soldent par des liquidations directes. Ces sociétés, d’après le panorama de l’économie hexagonale établi par l’Insee représentent 96 % des sociétés françaises.

Si le nombre de procédures recule en métropole, la crise sanitaire inflige un lourd tribut aux territoires d’outre-mer, notamment à La Réunion et en Guadeloupe qui enregistrent respectivement des hausses de 58 % et 10,5 % de défaillances. Des secteurs comme celui de la restauration ou de l’hôtellerie résistent à la situation tandis que ceux de l’agriculture et des services pâtissent de la crise. Pourtant, nombre de ces sociétés n’ont tenu que grâce à l’injection de liquidités, notamment avec les PGE (prêts garantis par l’État). 

Un recours massif aux PGE

La stratégie du gouvernement a porté ses fruits puisque comparé à 2019 le nombre de procédures est plus faible. Néanmoins, des interrogations demeurent. Thierry Million, directeur de l’étude d’Altares évoque l’existence de sociétés dites « zombies ». « Ces entreprises présentent hors contexte Covid un risque de défaillances 2,3 fois supérieur aux autres sociétés commerciales. Un risque qui grimpera encore à l’extinction des aides », ajoute-t-il.

Ces prêts accordés aux entreprises ne sont pas éternels et devront être remboursés à terme. Or, l’arrêt ou la réduction de cette politique risque d’être fatal pour près de 63 000 entreprises sous assistance répertoriées par Altares. L’étude estime que près de 75 % des sociétés bénéficiaires préfèrent reporter leur remboursement au plus tard.

Plusieurs hypothèses s’offrent désormais au gouvernement, dont la poursuite des PGE. Néanmoins, il faudra considérer la soutenabilité de la mesure et envisager des mesures alternatives d’urgence comme l’accompagnement des entreprises vers la reprise.

Emeric Camuset

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