B. Ducat (La Financière de l’Echiquier) : "2020 marque le retour de la collecte sur les actions"
Décideurs. Vous avez été nommée au poste de directrice générale de La Financière de l’Echiquier en juillet dernier. Quel bilan dressez-vous de ces six premiers mois ?
Bettina Ducat. Je suis fière d’avoir rejoint une entreprise aussi dynamique. L’implication, l’envie d’innover et le talent des équipes nous donnent le sentiment que tout est possible. Une grande partie des collaborateurs étant aussi actionnaire de l’entreprise, nous travaillons dans une ambiance familiale, mêlée à un esprit entrepreneurial. Ces six premiers mois à la tête de La Financière de l’Echiquier ont d’ailleurs été exceptionnels : notre croissance s’est accélérée malgré un contexte totalement inédit. Durant cette période, nous avons tout mis en œuvre pour nous assurer du bien-être des collaborateurs et maintenir un lien très fort entre eux. Pour faciliter leurs déplacements et éviter qu’ils n’aient à prendre les transports en commun, nous avons par exemple mis leur disposition des vélos électriques, tout en leur permettant de recourir massivement au télétravail.
La Financière de l’Echiquier a réalisé une collecte nette de 850 millions d'euros entre janvier et août 2020. À quel niveau pensez-vous finir l’année ? Quels sont les fonds qui ont le plus attiré les investisseurs ?
Les chiffres à fin novembre matérialisaient une collecte nette de 1,5 Milliard d'euros.
La belle dynamique du quatrième trimestre laisse augurer une excellente fin d’année. Cette collecte a été répartie de manière équilibrée entre nos différentes expertises : nos fonds actions européennes, notre gamme impact et ISR mais aussi nos fonds thématiques (Echiquier Artificial Intelligence, Echiquier World Next Leaders). L'année 2020 marque ainsi le grand retour de la collecte sur les actions. Notre fonds Echiquier World Next Leaders, qui était encore en incubation en juillet dernier, a attiré près de 170 millions d'euros en l’espace de quelques mois. Nous avons en parallèle renforcé notre présence auprès des institutionnels. En 2020, ces derniers ont représenté près de 50 % de notre collecte. Cette typologie d’investisseur pèse désormais 35 % de nos encours. Enfin, un tiers de la collecte annuelle provient d’investisseurs étrangers.
"Nous souhaitons nous assurer une présence physique dans tous les grands pays européens"
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
Nous souhaitons consolider notre leadership en France, aussi bien auprès de la clientèle retail que des institutionnels. Notre expansion européenne sera également un relais de croissance majeur. Mes précédentes fonctions au sein d’AXA Investment Managers, où j’étais responsable distribution monde et produits, seront un atout. Le développement international de La Financière de l’Echiquier me tient particulièrement à coeur. Nous voulons par ailleurs maintenir notre politique d’innovation, l’un des points forts historiques du groupe Primonial et de LFDE, et intensifier nos positions sur l’investissement socialement responsable.
Parmi les objectifs qui vous ont été assignés figure le développement à l’international de la société de gestion. Quelle sera la feuille de route pour y parvenir ?
Nous avons la volonté de poursuivre notre avancée auprès de la clientèle wholesale. Pour cela, nous allons renforcer les équipes en accueillant des profils expérimentés. L’idée est d’asseoir notre engagement local et nous assurer une présence physique dans tous les grands pays européens. Une personne en charge du marché allemand est venue compléter le dispositif, amenant à trois le nombre de collaborateurs pour couvrir ce marché. Des professionnels couvrant l’Italie, l’Espagne et la Suisse alémanique devraient prochainement suivre.
"D’ici quelques semaines 50 % de notre gamme seront par ailleurs labellisés ISR"
Votre croissance peut-elle passer par des opérations de croissance externe ?
Tout est possible. Nous agirons de manière très opportuniste. Les acteurs de notre taille doivent avant tout viser l’excellence dans tout ce qu’ils entreprennent. Nous ne pouvons pas tout faire. La Financière de l’Echiquier est amenée à faire des choix forts. Nous sommes sollicités quasiment toutes les semaines par des équipes qui aimeraient nous rejoindre. Mais, pour cela, il est nécessaire qu’il y ait une parfaite complémentarité entre nos expertises respectives. Nous ne sommes pas fermés à l’idée d’amorcer une réflexion sur le renforcement de notre positionnement sur les valeurs cotées, la gestion absolute return, le non-coté ou les émergents.
Vous souhaitez encore intensifier vos positions en matière d’ISR. Ces dernières années, vous avez pour cela lancé « L’École de l’ISR by LFDE » à destination des CGP ou encore publié le premier rapport d’impact d’Echiquier Positive Impact Europe en 2019. Quelles seront les prochaines étapes de votre développement sur le sujet ?
Il y a treize ans nous étions l’une des premières sociétés de gestion à créer une équipe dédiée à l'analyse des critères extra-financiers et à formaliser notre propre méthodologie d’analyse. Cette attention portée à l’ESG nous a par exemple permis de déceler rapidement les problèmes de gouvernance dans certaines entreprises comme Volkswagen ou Wirecard. En 2020, nous avons créé des podcasts dédiés à la pédagogie autour de l’investissement responsable, « Un pied devant l'autre ». En parallèle, La Financière de l'Echiquier a lancé un deuxième fonds à impact, Echiquier Climate Impact Europe, entièrement dédié à la transition climatique. D’ici quelques semaines 50 % de notre gamme seront par ailleurs labellisés ISR. Cette volonté de répondre aux défis du futur, notamment climatiques, se concrétise aussi dans le dialogue que nous instaurons avec les entreprises de nos portefeuilles. Nos gérants votent ainsi eux-mêmes à 100 % dans les assemblées générales. Et 60 % de nos recommandations formulées sont suivies par les entreprises.