BM&A : "Les services de consolidation se sont adaptés mais peuvent encore optimiser leurs processus"
Comment les services de consolidation se sont-ils adaptés aux contraintes liées au confinement ?
BM&A. Les processus de consolidation sont très matures : ils s’appuient sur des outils et des organisations rodés dans les grands groupes depuis plus de quinze ans et adoptés également par les ETI. Or, ces outils et processus embarquent nativement toutes les fonctionnalités permettant le travail à distance pour la collecte, le traitement et l’analyse des données. Cela a facilité la dématérialisation complète de dossiers de consolidation que nous appliquons au sein de notre propre plateforme de consolidation. En cela, le travail à distance n’a posé véritablement aucun frein à la réalisation des consolidations sur ces derniers mois. Cela fait d’ailleurs de nombreuses années que nous réalisons des consolidations pour des groupes dont les équipes Corporate sont basées à l’étranger y compris pour des groupes cotés à l’étranger. L’éloignement fait donc partie du quotidien du métier de consolideur, ce qui ne signifie pas que le confinement n’a pas de conséquence sur son travail.
Quelles ont été alors les principales difficultés rencontrées par les groupes et les cabinets pour produire leurs comptes consolidés dans ce contexte ?
La grande difficulté pour réaliser une consolidation dans le contexte difficile que nous vivons ne se situe pas dans les services de consolidation mais bien, en amont, dans la capacité des directions financières des filiales à établir et remonter des données comptables fiables. En effet, selon les pays, les services comptables des filiales étrangères mais également des filiales françaises ont rencontré des difficultés d’arrêtés comptables. Pour certains groupes, cela s’est traduit par des arrêtés comptables estimés et un processus de consolidation dégradé, pour ce qui concerne les arrêtés du premier trimestre notamment. Outre les difficultés des services comptables des filiales à produire leurs comptes, les services d’audit interne ont également rencontré des difficultés pour mener leur programme de contrôles habituels. Le niveau de qualité et de maîtrise de l’information comptable par les groupes s’en est forcément ressenti.
Outre ces difficultés de collecte, certains services de consolidation ont visiblement eu plus de mal dans le partage des informations avec leurs directions financières. Le processus itératif de demandes et réponses pour que les directions financières s’approprient les comptes consolidés s’étant déroulé de façon plus laborieuse qu’usuellement. Malgré les recours aux applications de plateformes collaboratives, les supports traditionnels de partage d’information se sont parfois révélés peu adaptés ou insuffisants.
Dans une moindre mesure, en entreprise comme en cabinet de conseil, le confinement a rendu plus complexe l’encadrement des populations plus juniors à distance et posé des problèmes de disponibilité liés aux contraintes personnelles, mais cela n’est bien sûr pas spécifique aux services de consolidation.
"Le travail d’un consolideur peut se délocaliser très facilement"
Lors de toute crise, l’adaptation aux difficultés provoque des évolutions durables ou accélère des évolutions déjà engagées. Est-ce le cas dans notre contexte ?
Absolument et sur plusieurs aspects que nous avons abordés précédemment.
Tout d’abord le télétravail se généralise dans nos entreprises. Il va être conforté par l’envie d’éloignement des grands centres urbains et de retour dans les régions. Il devrait s’installer durablement dans les habitudes de travail. Les services de consolidation ne sont pas les seuls concernés par ce phénomène mais comme nous l’avons évoqué, le travail d’un consolideur peut se délocaliser très facilement et devrait donc être fortement impacté par ce phénomène. Nous l’expérimentons chez BM&A depuis de nombreuses années avec la constitution d’un pôle de consolidation lyonnais qui accompagne aussi bien des groupes régionaux que parisiens. Nous répliquons également ce modèle dans d’autres régions permettant d’assurer une présence locale et l’accès à des experts de haut niveau, en permettant de concilier pour ces derniers, projet de vie personnel et exercice de leur expertise.
Par ailleurs, la fiabilisation à distance de la qualité de l’information financière va devenir un enjeu majeur pour les groupes. Les difficultés de déplacement liées à la crise sanitaire ont un effet accélérateur de ce qui était déjà une évidence pour nous. Nous avons ainsi consacré depuis plus de deux ans beaucoup d’expertise et de moyens pour développer GEO, un outil d’audit, de contrôle interne et d’investigation comptable. Les groupes qui ont installé cette solution ont ainsi pu poursuivre leur programme d’audit interne à distance sur ces derniers mois et pour certains les intensifier avec une grande efficience !
Enfin, le consolideur, pour gérer l’éloignement, doit optimiser son interaction avec le reste de la direction financière. En effet si, comme nous l’avons vu, les outils de consolidation installés sont matures dans la collecte et le traitement de l’information, leur ancienneté se ressent dans la restitution et le partage de l’information consolidée. Pour compenser cela nous avons développé chez BM&A, grâce à notre maîtrise des modèles de données de consolidation et notre connaissance des enjeux du métier de consolideur, Consolidation Explorer, une solution de restitution dynamique qui permet d’exploiter les données des principaux outils de consolidation du marché pour mettre à disposition des directions financières un outil convivial et intuitif de présentation et d’analyse des données consolidées. Cela se traduit d’une part, pour le consolideur, par un grand dynamisme et une amélioration de la clarté dans les présentations des chiffres et, d’autre part, par une possibilité de navigation dans les données qui était réservée aux experts en consolidation et qui s’ouvre désormais au reste de la direction financière. L’outil embarque également des fonctionnalités de partage de l’information et de collaboration en ligne qui sont particulièrement adaptées aux contraintes du télétravail.