Le groupe DLPK, maison mère de Haas Gestion, est en passe de racheter Tailor Capital, société de gestion spécialisée sur le segment des obligations internationales. Une opération qui, une fois validée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), porterait à 1,2 milliard d’euros leurs actifs sous gestion. Vincent Dubois, président du groupe DLPK, s’explique sur ce rapprochement.

Décideurs. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à racheter Tailor Capital ?

Vincent Dubois. Haas Gestion est entrée dans le giron de DLPK en 2008. À l’époque, nous souhaitions diversifier nos activités vers l’asset management. Notre gamme s’est depuis élargie et de nouveaux gérants nous ont rejoints. Notre positionnement a trouvé un écho favorable auprès de nombreux investisseurs institutionnels, en France et à l’international, mais aussi d’une majeure partie des Conseillers en Gestion de Patrimoine. À l’image de l’ensemble de l’industrie de la gestion d’actifs, 2018 fut cependant plus difficile, notamment pour les fonds diversifiés et la gamme actions. Et même si les performances boursières de 2019 ont été intéressantes, la collecte n’a pas suivi cette tendance. Dans ce contexte, concrétiser une opération de croissance externe présente un intérêt supplémentaire. Un tel rapprochement nous permet d’agréger de nouvelles expertises complémentaires et d’augmenter nos encours sous gestion. C’était d’ailleurs le sens de notre entrée au capital, en 2018, dans Nexo Capital, acteur spécialisé dans la distribution de solutions d’investissement non traditionnelles telles que les produits structurés et le non coté.

"L’acquisition de Tailor Capital nous permet d’agréger de nouvelles expertises complémentaires" 

Comment se matérialise ce rapprochement ? Est-ce une intégration pure et simple des équipes dans votre société de gestion, Haas Gestion ? Christophe Issenhuth et Didier Margetyal en deviennent-ils associés ?

Ce rapprochement avec les équipes de Tailor Capital est avant tout le fruit d’une belle rencontre. Christophe Issenhuth et Didier Margetyal resteront bien évidemment associés. Chaguir Mandjee, responsable de la gestion diversifiée de Haas Gestion, intégrait déjà certains des fonds de Tailor Capital dans le cadre de notre multigestion et de nos différents mandats. Pouvoir s’appuyer encore davantage sur leur expertise obligataire nous semblait nécessaire. Leur savoir-faire sur le segment des obligations internationales n’est d’ailleurs plus à démontrer, au vu de l’environnement de taux négatifs dans lequel nous sommes durablement plongés. Une complémentarité qui se reflète également dans nos réseaux de distribution respectifs.

Quelles seront les prochaines étapes du développement du groupe DLPK ? Avec le soutien de BlackFin Capital Partners, d’autres opérations d’acquisition pourraient-elles se matérialiser dans les prochains mois ?

Un fonds d’investissement n’a pas forcement vocation à déployer des capitaux de manière illimitée ; dans notre cas, BlackFin Capital Partners agit comme un vrai actionnaire-partenaire, en nous apportant un soutien technique et structurel. Au cours des prochaines années, notre développement devrait s’opérer de manière organique. Aucune acquisition n’est pour le moment d’actualité. Sur l’Asset Management, notre priorité sera de consolider nos trois gammes de fonds : la gestion diversifiée, la gestion actions ainsi que la gestion obligataire internationale. Celles-ci ont affiché des performances intéressantes en 2019 et sur les trois premiers trimestres 2020. Nous devons capitaliser sur cela.

"Dans nos métiers, le risque de déperdition de valeurs est réel" 

Cette crise va-t-elle accélérer la concentration du marché ou, au contraire, la ralentir ?

Même si l’on perçoit une réelle volonté et/ou un besoin chez de nombreux acteurs de se rapprocher d’autres structures, nous n’observons pas pour autant une nette augmentation des cessions et acquisitions. La difficulté sur ce type d’opération est de matérialiser les synergies escomptées. Un plus un doivent pouvoir faire trois. Dans nos métiers, le risque de déperdition de valeurs est réel. Si le but d’une opération capitalistique consiste simplement à optimiser ou à limiter les coûts, alors vous ne créerez aucune valeur ajoutée. De plus, les encours sont plus volatils que ceux du métier de l’épargne. Dès lors, plusieurs sociétés de gestion ont effectivement pris part à ce marché. Nous connaîtrons en 2021 celles qui auront su résister aux dernières baisses du marché.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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