Sophie Boissard, dirigeante tout-terrain
"Elle peut tout faire." Elle, c’est Sophie Boissard. Et l’auteur de cette confession rapportée par Le Figaro en septembre 2019 n’est autre que Guillaume Pepy. L’ancien président de la SNCF l’a nommée en 2008 à la direction de Gares & Connexion pour créer une nouvelle expérience en gare. Avant de rejoindre le groupe ferroviaire, Sophie Boissard a fréquenté les bancs de l’École normale supérieure, de Sciences Po et de l’école nationale d’administration. Elle rejoint le Conseil d’État en 1996 en tant que rapporteur à la section du contentieux puis devient commissaire du gouvernement et présidente de la mission juridique du conseil d’État auprès du ministère du Travail et des Affaires sociales. En 2004, elle hérite du poste de rapporteur de la commission Virville sur la réforme du travail. Un véritable tremplin puisque Sophie Boissard succède quelques mois plus tard à Éric Aubry à la tête du cabinet de Gérard Larcher, alors ministre délégué en charge du Travail et de l’Emploi. En novembre 2005, elle est nommée commissaire au Plan (elle est la dernière à avoir occupé ce poste à ce jour) puis directrice générale quand l’institution devient le Centre d’analyse stratégique.
Avant d’intégrer la SNCF, elle rejoint en juillet 2007 le cabinet de la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, et contribue notamment à la création de Pôle emploi. Après avoir mené à bien la rénovation de la gare Saint-Lazare, Sophie Boissard devient directrice générale déléguée en charge de la stratégie et du développement. Elle prépare dans le cadre de cette fonction la réforme ferroviaire qui aboutit, entre autres, à la création d’une cinquième ligne de métiers dédiée à la gestion et à la valorisation immobilière, à l’aménagement urbain et à l’exploitation de logements. La préfiguration puis la direction de SNCF Immobilier sont naturellement confiées à Sophie Boissard. Un an plus tard, elle fait le grand saut dans le privé et rejoint le groupe Korian en tant que directrice générale.
Une battante reconnue pour ses résultats
Chargée de porter la nouvelle phase de la stratégie de croissance du leader européen des maisons de retraite, elle relève la mission avec brio. Preuve en est, le conseil d’administration renouvelle par anticipation fin 2019 son mandat en "saluant la transformation du groupe engagée depuis 4 ans pour faire de Korian le groupe européen de référence en matière de soin et d’accompagnement du grand âge et des fragilités". Quelques semaines plus tard, les résultats 2019 du groupe font état d’une augmentation du parc de 4 528 lits et de 470 000 clients (soit une multiplication par deux par rapport à 2016). Le chiffre d’affaires bondit quant à lui de 8,3 %, dont 3,8 % en organique. Mais Sophie Boissard n’a pas choisi la voie de la facilité : alors que le groupe est régulièrement décrié pour la gestion de ses patients, elle monte au créneau à chaque fois. Lors de la crise sanitaire, plusieurs centaines de morts sont recensés dans les Ehpad de Korian. Face aux attaques, elle donne une interview au Parisien dans laquelle elle indique ne pas avoir l’intention "de laisser salir" son entreprise et ses personnels.
À l’occasion de la présentation des résultats semestriels 2020, les conclusions d’une enquête réalisée par Ifop auprès de 612 familles dans 82 % du réseau des maisons de retraite Korian en France entre les 8 et 12 juin montrent que 92 % des répondants se disent satisfaits ou très satisfaits de la qualité de la prise en charge et de l’information pendant la crise du Covid-19. "Dans la droite ligne de notre projet d’entreprise "Le soin à cœur", cette crise nous encourage à poursuivre activement le développement de solutions de proximité à domicile et en ambulatoire pour l’accompagnement des personnes fragiles, en complément des prises en charge spécialisées assurées par nos cliniques et par nos maisons de retraite médicalisées", souligne en parallèle la directrice générale réputée pour sa détermination, son efficacité et sa méthode. Des qualités qui, ajoutées à ses résultats, expliquent probablement pourquoi son nom figure parmi les successeurs potentiels d’Isabelle Kocher à la tête d’Engie.
François Perrigault