Antoine Flamarion, le bâtisseur financier
Antoine Flamarion aurait pu se contenter de suivre une carrière de banquier toute tracée. Passé par les départements investissement de Merrill Lynch et Goldman Sachs, il retirera de ses deux premières expériences professionnelles sa passion pour la finance et une grande amitié avec Mathieu Chabran, qu'il a rencontré à ses débuts chez Merrill Lynch. Mais cet ancien étudiant de Dauphine, veut encore plus et surtout il est convaincu qu’entreprenariat et finance peuvent faire bon ménage.
Entreprenariat et finance
Son ambition finira par prendre le dessus et, à moins de trente ans, il s’associe avec son ancien binôme, pour monter en 2004, Tikehau Capital, une société d’investissement sur le modèle des mastodontes américains comme Blackstone ou encore KKR. En faisant du non-coté et de la gestion alternative leur domaine de prédilection, les deux associés montent rapidement en puissance. L’acquisition, en 2012, de la société de capital investissement cotée Salvepar auprès de Société Générale leur permet de passer un cap majeur avec l’introduction en Bourse de leur société, en mars 2017. Cet ancien champion d’échecs, fanatique de tours de magie a voulu faire la différence face aux autres acteurs de l’écosystème en étant présent sur différents types de stratégies et sur différents modes de financements des entreprises et de l’économie : dette privée, immobiliser, private equity et stratégies capital markets.
Success story
En débutant modestement avec 4 millions de fonds propres réunis auprès d’investisseurs particuliers, les encours de Tikehau Capital totalisent, au 30 juin 2020, 25,7 milliards d’euros. Même la crise du Covid-19 ne semble pas avoir ébranlé le groupe regroupant 530 collaborateurs dans 11 pays d’Europe, d’Asie et des États-Unis. "Tikehau Capital a montré au cours du deuxième trimestre de l’année sa capacité à poursuivre sa croissance à un rythme soutenu malgré une situation sans précédent due à l’impact de la pandémie de Covid-19", s’est félicité Antoine Flamarion lors de la présentation des résultats du premier semestre 2020. Par exemple, au cours du mois de juillet 2020, Ace Management, filiale du groupe de gestion d'actifs alternatifs et d'investissement, a été retenue comme gestionnaire exclusif du fonds de soutien à la filière aéronautique, avec un premier closing de 630 millions d’euros. Les objectifs à l’horizon 2022 ont même été confirmés, visant à atteindre plus de 35 milliards d'actifs sous gestion pour le groupe et à générer plus de 100 millions d'euros de résultat opérationnel dans la gestion d'actifs. L’échec d’Eurazeo et différents recrutements controversés, comme celui de l’ancien premier ministre François Fillon, ne suffisent pas à entamer l’enthousiasme de cet éternel optimiste, capable de transformer le pari fou de deux minots de la finance en une success story qui attire les convoitises et les critiques.
Béatrice Constans