Xavier Huillard, la construction dans le sang
En 2017, à l’occasion de sa nomination au conseil d’administration d’Air Liquide, Xavier Huillard, PDG de Vinci, était interrogé sur son parcours. "J’ai toujours eu deux passions : l’entreprise et la construction", explique le dirigeant dans une vidéo publiée sur le site du groupe spécialiste des gaz industriels. Rien d’étonnant alors à ce que ce fils et petit-fils de centraliens (mais aussi arrière-petit-fils d’architecte de la ville de Paris) se soit tournés vers le monde du BTP, qui lui permet d’allier ses deux danseuses.
D’Eiffage à Vinci
Les premières pierres de l’édifice de son parcours, Xavier Huillard les pose durant ses études puisqu’il passe par les bancs de Polytechnique et des Ponts et Chaussées. Il commence sa carrière au sein de la direction départementale de l’Équipement de la Manche et lance le projet de désensablage du Mont Saint-Michel. Il intègre ensuite Fougerolle (futur Eiffage), où il redresse notamment une petite société auxerroise Bornhauser Molinari. Il sera également envoyé aux États-Unis pour démanteler plusieurs filiales et les céder. Grimpant les échelons, il est pressenti pour prendre la suite du patron du groupe, Jean-François Roverato. Si ce dernier s’est bien érigé en mentor, son peu d’empressement à le faire sortir de l’ombre poussera Xavier Huillard à rejoindre la concurrence : Vinci.
Là encore, le futur PDG gravit les marches et dirigera plusieurs activités telles que la construction, l’énergie et les concessions. C’est en 2006 que Xavier Huillard prendra le titre de directeur général. Son mandat fait partie de l’une des batailles de gouvernance emblématique de la place de Paris. Alors que le président de l’époque, Antoine Zacharias, tente de l’évincer, des administrateurs du groupe préparent la sortie de ce dernier. Au même moment, Xavier Huillard dénonce la rémunération excessive de son détracteur. In fine, Antoine Zacharias se voit contraint de partir. Remplacé dans un premier temps par Yves-Thibaut de Siguy, la présidence sera confiée en 2010 à Xavier Huillard.
Projet RSE
"Je suis convaincu qu’une entreprise a une très grande responsabilité à l’égard de la société et qu’elle a un rôle très important à jouer, poursuit le PDG de Vinci dans la vidéo sur le site d’Air Liquide. C’est pour cela que, dès que je suis devenu directeur général de Vinci en 2006, j’ai cherché à partager avec l’ensemble de mes collaborateurs une idée simple : il n’existe pas de croissance sans une économie durable, sans un projet social, sociétal et environnemental ambitieux." Un engagement que ce passionné d’opéra, qui sait s’attirer la sympathie de ses interlocuteurs, décline chez Vinci et qu’il a également porté lorsqu’il était président de l’Institut de l’entreprise entre 2011 et 2016.
Chez Vinci, Xavier Huillard a aussi brillé grâce à différentes opérations, telles que le rachat de Cegelec amorcé en 2009. "Faire de la croissance externe est l'une des caractéristiques de Vinci. Même dans un contexte macro-économique moins favorable, nous nous devons de pouvoir continuer à croître", confiait-il d’ailleurs en 2019 à La Tribune.
Son groupe a notamment mené une stratégie aéroportuaire affirmée. On se souvient de l’acquisition de l’aéroport de Londres Gatwick pour 3,2 milliards d'euros l’an passé. Deal qui permit à Vinci Airports de devenir le deuxième opérateur aéroportuaire mondial. Difficile à l’époque de prévoir la crise liée au Covid-19, fléau pour le secteur aéronautique. Le pari n’est donc pas gagnant pour l’instant, plombant les résultats du groupe ces derniers mois. Mais le dirigeant se veut serein : "Nous sommes des gens de long terme, nous voyons loin."
Olivia Vignaud