Arrivé en tant que stagiaire chez Dassault Systèmes, Bernard Charlès est aujourd’hui à la tête d’un groupe dont le chiffre d’affaires dépasse les 4 milliards d’euros. Mais le dirigeant ne se repose pas sur ses lauriers et entend conquérir de nouveaux marchés, tels que celui de la santé.

Ingénieur né il y en 1957 près de Paimpol (Côtes-d’Armor), agrégé de l’École normale supérieure de Paris-Saclay, docteur en mécanique et administrateur de l’université Léonard de Vinci, Bernard Charlès est entré chez Dassault en 1983 en tant que stagiaire. Trente-quatre ans plus tard, en 2017, il était le patron le mieux payé du CAC 40 avec 24,6 millions d’euros. À la tête du fleuron français des logiciels de simulation industrielle, Dassault Systèmes, Bernard Charlès n’a cessé d’innover, si bien que cette filiale est devenue leader mondial sur son secteur. Pour assurer une croissance soutenue et continue, l’emblématique et fidèle patron a parié sur la diversification de ses clients. Longtemps confiné au secteur de l’aéronautique et du transport, son groupe a réussi à devenir une référence en matière de high-tech et entend bien développer la modélisation numérique dans le monde de la recherche médicale. En rachetant l’américain Medidata en 2019 pour 5,8 milliards de dollars, le groupe a ainsi posé la première pierre de ce nouveau challenge et signe la plus grosse acquisition de son histoire. 

Un groupe dynamique

Connu pour ses logiciels de maquette numérique Catia, Solidworks et sa plateforme 3DExperience, le champion français du logiciel s’est déjà imposé auprès des ingénieurs des industries aéronautique et automobile pour la conception des véhicules et des produits. Sa priorité aujourd’hui ? Modéliser un jumeau numérique du corps humain. "Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’appliquer les connaissances et le savoir-faire que nous avons acquis dans le monde des produits au monde du vivant : nous allons développer notre ambition et concentrer nos efforts des objets à la vie", explique Bernard Charlès lors de la présentation des résultats annuels de l’entreprise, le 6 février dernier. Des résultats qui, sans surprise et conformément aux objectifs fixés, confirment l’efficacité commerciale de Dassault Systèmes et de ses 17 000  salariés puisque le chiffre d’affaires 2019 dépasse les 4 milliards d’euros, en progression de 16 % sur un an et de 8 % en croissance organique. Un montant record. À 3,65 euros, le bénéfice net par action dépasse l’objectif de 3,50 euros que s’était fixé le groupe il y a cinq ans.

Vers la santé

 "Dans nos domaines historiques, nous gagnons dans 75 % à 85 % des cas, mais nous pouvons encore tripler nos revenus auprès des industries qui font des objets, ajoute le PDG. Nous ne cherchons pas un relais de croissance dans la santé, nous partons en conquête." La déclaration date de février 2019, soit avant la crise sanitaire liée au Covid-19 qui touche très lourdement les secteurs historiques de cette filiale du logiciel industriel. La diversification vers la santé était donc une excellente idée.

Nous ne cherchons pas un relais de croissance dans la santé, nous partons en conquête

Pour l’éditeur français, le potentiel du marché des "sciences de la vie" est tel qu’il vise, à long terme, de récolter autant de chiffre d’affaires auprès des hôpitaux et des laboratoires pharmaceutiques qu’auprès des secteurs aéronautique et automobile. Au passage, la technologie pourrait drastiquement baisser le coût des opérations et de la recherche médicamenteuse.

Anne-Sophie David

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