E. Macron : "On a le droit de voir loin et grand, y compris quand il vous reste 600 jours"
Particulièrement attendu sur la question de la relance économique, sur son ambition, ses modalités et, bien évidemment, sur son financement, le Président de la République s’est voulu rassurant : non, celle-ci ne passerait pas par une augmentation des impôts. "On ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts, a-t-il déclaré. Sinon les gens ne consomment pas et l’économie ne repart pas". Or le chef de l’État l’a répété : mettre en œuvre la relance et en faire un levier de transformation du pays est sa priorité.
"Dette Covid"
Pour cela Emmanuel Macron a évoqué une "dette Covid" appelée à être amortie "sur le très long terme" et finançant "des investissements" (sur une filière hydrogène, sur la réforme thermique…) destinés à déboucher sur "un retour". Concernant la question, toujours clivante, de l’ISF, le chef de l’État s’est montré clair : pas question de restaurer un impôt qui, d’ailleurs,"n’a pas été supprimé mais transformé en impôt sur la fortune immobilière". Ce qui, s’est-il félicité, aura permis de "faire revenir des gens qui investissent" et, surtout, de placer la France au premier rang des pays les plus attractifs d’Europe. "On ne va pas taxer l’entrepreneur qui investit : ce serait absurde ! a déclaré le Président, qui s’est dit déterminé à voir le pays « assumer l’esprit de conquête et l’esprit de justice."
"On ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts"
Favorable à l’inscription de la protection de l’environnement dans la Constitution laquelle pourrait passer par le recours à un référendum organisé "dans les meilleurs délais", il s’est montré ferme : pas question de financer le retour à "l’industrie d’hier" l’ambition étant, au contraire, de faire de cette relance un accélérateur de transition écologique.
La relance, accélérateur de transition écologique
"Il est possible que la France redevienne une grande nation industrielle grâce à l’écologie" a-t-il affirmé. Comment ? En cessant d’importer "des matériaux du bout du monde", en favorisant la relocalisation et "en aidant nos entreprises, petites, moyennes et grandes, à investir pour passer à ce modèle écologique". Autres leviers évoqués par le chef de l’État pour favoriser la transition écologique : l’instauration d’une prime "pour que les plus modestes puisse rénover leur logement" et, ainsi, faire des économies tout en contribuant à la préservation de l’environnement. Même chose dans le domaine de la rénovation du parc automobile et dans celle des bâtiments lesquelles, a expliqué Emmanuel Macron, sont toutes deux appelées à s’accélérer. "Je veux qu’on puisse rouler écologique et modeste, a-t-il déclaré. Et je veux qu’on se lance dans un programme de rénovation de nos écoles et de nos Ehpad."
"Je crois à cette écologie du mieux, pas du moins"
Une ambition aux bénéfices, là encore, multiples puisqu’elle permettrait de "faire des économies d’énergie massives", tout en contribuant à la transition écologique et en créant de l’emploi. "Nous allons accélérer les mécanismes de transition pour aller vers un modèle écologique, industriel et social : cette relance nous en offre l’opportunité ; nous allons aider nos entreprises pour passer à ce modèle économique", a affirmé le chef de l’État avant de conclure : "Moi, je crois à cette écologie du mieux, pas du moins".
Transformer la France à dix ans
Pour lui, aucun doute : la crise sanitaire et la relance qu’elle induit ont créé une occasion de transformer le pays qu’il nous revient de saisir. "Le moment dans lequel nous sommes peut être une opportunité si chacun en prend la mesure et se dit : « je bâtis la France de demain »", a-t-il déclaré avant de revenir sur une ambition en trois temps. Dans l’immédiat : protéger un maximum d’emplois, déployer le plan de relance au cours des "dix-huit à vingt-quatre prochains mois" et, enfin, transformer la France à dix ans.
"Parce qu’on vit une crise inédite et qu’on mobilise des financements inédits je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici à dix ans"
"Cette crise nous donne l’occasion de rendre la France plus forte en lui permettant de traiter des problèmes qu’elle n’avait pas su traiter par temps calme", a affirmé le Président qui s’en est dit persuadé : "Ce que nous n’avons pas su faire sur ces trente dernières années parce qu’on était dans les divisions" peut être accompli aujourd’hui. "Parce qu’on vit une crise inédite et qu’on mobilise des financements inédits je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici à dix ans", a-t-il déclaré avant d’éluder la question d’un possible second mandat. "On a le droit de voir loin et grand, y compris quand il vous reste 600 jours. Mon devoir c’est de ne pas faire de calculs, c’est de me dire que notre pays peut sortir grandi de cette crise".
Caroline Castets