Nommé lundi 6 juillet ministre délégué en charge des PME, Alain Griset est engagé depuis le début de la crise pour défendre les 2,8 millions d’entreprises de proximité. Celui qui fut taxi pendant 40 ans commence à esquisser son agenda pour Bercy.

C’est un profil comme Emmanuel Macron les aime et comme son nouveau Premier ministre, Jean Castex, en cherchait : un spécialiste de son sujet pleinement opérationnel. Le 6 juillet, Alain Griset, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), était nommé ministre délégué en charge des PME. Celui qui fut taxi pendant 40 ans aura pour mission d’aider les petites et moyennes entreprises à traverser la crise du coronavirus. Rien de nouveau pour lui puisqu’Alain Griset était déjà de toutes les réunions organisées à Bercy et Matignon sur le sujet.

En créant ce nouveau portefeuille, le Premier ministre envoie toutefois un signal bien plus fort quant à la volonté de son gouvernement d’aider les entreprises, quelle que soit leur taille. D’abord parce que les PME sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie et pourvoyeuses d’emplois. Ensuite parce que l’État cherche à tout prix à éviter que la crise économique ne se transforme en crise sociale. Pour sa part, Alain Griset estime que sa nomination est une "reconnaissance" à l’égard des indépendants dont le "rôle (est) essentiel sur les territoires", a-t-il expliqué à l’AFP.

Un profil atypique

S’il est souvent reproché à Emmanuel Macron de s’entourer d’énarques ou de profils "start-up nation" compatibles, le parcours et la personnalité du nouveau ministre délégué aux PME ne correspondent pas à ce constat. Deux ans après avoir "brillamment" raté son bac (comme il le confiait lui-même dans les colonnes de Ouest France), Alain Griset passe son permis de conduire et, très vite, monte sa propre société de taxi. Il a travaillé à Lille, Maubeuge, Tourcoing et Douai. Il a également été cogérant d’une entreprise d’esthétique. De nature engagée, il préside la Chambre de métiers et de l'artisanat de région du Nord-Pas-de-Calais puis l’Assemblée permanente des chambres des métiers et de l’artisanat (APCMA) de 2000 à 2016. Il est ensuite désigné président de l’U2P, qui représente 2,8 millions d’entreprises. "Comme des centaines de milliers de gens, j'aime participer à la vie collective, m'occuper des autres. Mais toujours en allant jusqu'au bout des choses", déclarait-il à Ouest France en 2012.

Engagé pendant la crise

Ce fils d’infirmière et d’ouvrier métallurgiste venu des Hauts-de-France ne cache pas son émotion face à la nouvelle mission qui vient de lui être confiée. "J’ai eu un appel dimanche après-midi du secrétaire général de l’Élysée, puis du Premier ministre. À huit heures, lundi, j’étais sur place. J’ai attendu la confirmation officielle, vers 19 h, dans mon bureau de l’U2P, à Paris. J’étais surpris. Et heureux. Ça m’a bouleversé tout le corps, j’ai ressenti une émotion profonde", confiait-il à la Voix du Nord, à l’annonce de sa nomination.

Depuis le début de la crise, ce sexagénaire a défendu son secteur notamment en poussant des mesures de soutien. Il s’est félicité du travail accompli jusque-là et a œuvré de manière à ce que les sociétés s’emparent des différents dispositifs et afin de résoudre leurs difficultés d’application.

Alain Griset confiait cette semaine au Figaro souhaiter que le gouvernement maintienne le fonds de solidarité dans les prochains mois et autorise l’accès au deuxième étage de celui-ci (aide de 5 000 euros) même aux entreprises ayant obtenu un prêt garanti par l’État (PGE). Il estime également que certaines entreprises auront besoin de continuer à bénéficier du chômage partiel. De quoi rassurer les intéressés mais pas tout le corps économique. Certains craignant par exemple sa position sur le micro-entrepreneuriat. Ses premières décisions ne manqueront pas d’être commentées.

Olivia Vignaud

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