Avec la crise, les relations entre les grands groupes et les start-up évoluent
Avec la crise, les projets de collaboration entre les grands groupes et les start-up se trouvent mis à mal. Deux études, publiées jeudi 11 juin, en attestent. L’une est signée Raise et Bain & Company, l’autre Village by CA et Capgemini. La première indique que 70 % des alliances en phase de prospection commerciale sont décalées ou stoppées. La seconde révèle que 56 % des start-up et 53 % des grands groupes ont vu leurs projets de collaboration mis en pause durant la période, près de 30 % des grands groupes s’étant recentrés sur leur cœur de métier. Pourtant, ces deux catégories d’entreprise vont avoir besoin l’une de l’autre pour traverser les turbulences.
Une grande partie des jeunes pousses font face à des difficultés aujourd’hui. Elles sont 40 % à constater un impact négatif notable de la crise sur leur activité et même 15 % à se retrouver à l’arrêt, selon les chiffres de Raise et Bain. Ainsi, 80 % des start-up de cette catégorie ont eu recours à l’activité partielle. Petite lueur dans ce sombre paysage : 15 % des jeunes entreprises ont réussi à tirer profit de la situation grâce au dynamisme de leur activité en temps de crise ou à leur capacité à innover. Et des initiatives de soutien et de solidarité ont émergé entre grands groupes et start-up : 35 % des premières ayant aidé financièrement les secondes, par exemple.
Nouvelles priorités
« Cette période d’incertitude est un moment de vérité sans concession pour les alliances, révélant au grand jour leurs forces et faiblesses, et en permettant à chacun de faire le tri entre l’essentiel et le superflu, pour revenir à leur ADN : la création de valeur », commente Raise. Les entreprises de taille importante privilégient donc le « must have » au « nice to have » dans leur collaboration. Parallèlement, les start-up reviennent à l’essentiel, à savoir se concentrer sur les besoins essentiels de leurs clients. Tireront leur épingle du jeu celles qui proposent un service clé pour l’activité des grandes entreprises, un produit qui leur permette de préparer la reprise ou encore de réduire leurs coûts et optimiser les processus.
De son côté, l’étude Village by CA et Capgemini précise que 75 % des grands groupes citent l’innovation en matière d’expérience client comme prioritaire pour la collaboration avec les start-up. Tandis que l’augmentation du chiffre d’affaires prime pour 82 % des jeunes sociétés. « Point positif, les priorités se sont déplacées pour les deux types de répondants, poursuit l’enquête. Aujourd'hui le choc des cultures, ou l'innovation en tant que telle, ne constituent plus des freins essentiels de la collaboration (…). De même, la relation a évolué vers un modèle de co-construction dans lequel les start-up, véritables partenaires, vendent plus rapidement aux grands groupes (répondant ainsi à leur priorité de chiffres d'affaires) et font évoluer leur produit ou solution à la faveur de cette collaboration. »
Cédric O réagit
Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, qui intervenait lors de la présentation de l’étude Raise et de Bain & Company, est formel : outre les questions de transformation économique et numérique incontournables pour relancer la machine, la capacité à créer de nouveaux fleurons sera indispensable. « Soit on est capable de faire émerger des champions et de faire partie de ceux qui tirent un parti économique et sociétal de la crise. Soit on n’en est pas capable et la domination des grands groupes américains et des Gafa va s’accentuer. »
Le membre du gouvernement prenait l’exemple de l’application StopCovid, créée en moins de trois mois avec le concours de deux start-up, de chercheurs et de grands groupes tels que Dassault Systèmes ou encore Orange. En temps normal, un an et demi aurait été nécessaire pour mettre en place ce type d’outils. Le privé a aussi su parfois montrer l’exemple. La dynamique doit maintenant s’intensifier et perdurer.
Olivia Vignaud