L’Union des métiers de l’événementiel (Unimev) accuse déjà une perte de 15 milliards d’euros dans le sillage de la crise du Covid-19. Plus de 4 500 événements ont été annulés et plus de 3 000 reportés. Les grands rassemblements pourraient à nouveau être autorisés dès le 1er septembre. En attendant la filière s’organise. Viparis et Bureau Veritas ont, par exemple, mis en place un label sécurité dont nous parle Pablo Nakhlé Cerruti.

Décideurs. Vous avez mis en place, en partenariat avec Bureau Veritas, un label visant à assurer la sécurité des sites événementiels. Expliquez-nous.

Pablo Nakhlé Cerruti. Afin de préparer la rentrée début septembre, nous avons établi un protocole sanitaire strict, validé par Bureau Veritas. Les critères sont nombreux. Il y a d’abord la capacité du site à s’adapter aux enjeux sanitaires : salle isolée, sur-nettoyage des parties communes, comptage précis des personnes présentes pour ajuster la jauge, etc. Le travail avec les prestataires est également évalué, tout comme celui avec les clients. Je pense notamment à la manière dont on synchronise nos procédures afin d’éviter les trous dans la raquette. Enfin, le niveau de protection des collaborateurs est étudié.

Quel est l’intérêt de ce label ?

Il permet de bénéficier d’un socle de discussions avec le reste de l’industrie. Nous sommes plusieurs à promouvoir la destination Paris et donc à être concernés par la situation : hôtels, aéroports, grands magasins, etc. Le label permettra de rassurer les organisateurs d’événements mais aussi les visiteurs sur tout le parcours de leur voyage, en passant par l’hébergement et l’événement.

Comment le déconfinement se passe-t-il pour vous ?

Aujourd’hui notre activité est toujours interdite. Les rassemblements de plus de 5 000 personnes ne sont pas autorisés jusqu’au 1er septembre, tout comme ceux de plus de dix personnes pour le moment. Nous espérons que ces derniers le seront avant la fin de l’été. Pour les grands événements, outre le fait qu’il faudrait que la date de septembre soit confirmée, il existe une réelle inconnue : l’état du trafic aérien. Si nous organisons de grands événements mais que les personnes ne peuvent pas circuler, il va être difficile d’attirer du monde.

Quel est l’impact économique ?

Nous enregistrons une perte de 29 % de chiffre d’affaire sur le premier trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2019. Au deuxième semestre, c’est-à-dire après la levée probable de l’interdiction d’événements de plus de 5 000 personnes, certains sont déjà annulés, tels que le Mondial de l’auto ou la Paris Games Week.

Avez-vous des discussions avec le gouvernement à ce sujet ?

Les représentants du secteur touristique discutent de manière hebdomadaire avec l’État. Il y a une dizaine de jours s’est également tenue une réunion du Conseil interministériel du tourisme, qui traite de ces sujets. La crise du secteur est suivie par le Quai d’Orsay, Matignon et Bercy.

"Une quinzaine d’entreprises et grands groupes tirent tout le secteur de l’événementiel"

Les mesures gouvernementales concernant l’événementiel distinguent pour certaines les TPE et PME des ETI et grandes entreprises. Qu’en pensez-vous ?

Nous aimerions que ces différences soient gommées. Une quinzaine d’entreprises et grands groupes tirent tout le secteur de l’événementiel. Il ne faudrait pas les abîmer. Par ailleurs, tous les volets ne concernent pas le gouvernement. Par exemple, certaines négociations relèvent des villes. Nous demandons l’annulation des loyers des concessions pendant la période de fermeture administrative.

Quel est votre plus grand défi pour cette reprise ?

Redonner confiance aux visiteurs et aux exposants afin qu’ils reviennent dans les salons, les congrès et les événements. Il faut retrouver une dynamique économique, d’une part, tout en gérant le risque sanitaire d’autre part.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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