Plan de relance économique : le rapprochement franco-allemand
La France et l'Allemagne n'ont pas attendu le retour de la Commission européenne pour lancer leur propre initiative. Elle a été annoncée ce lundi 18 mai 2020, lors d'une conférence de presse qui a réuni Emmanuel Macron et Angela Merkel. Le président de la République a énoncé les quatre piliers de l'initiative franco-allemande : "protection sanitaire, relance budgétaire, transition écologique et souveraineté économique". Le volet de la relance budgétaire se matérialiserait par la mise en place d'un fonds de relance de 500 milliards d'euros destiné à soutenir économiquement les régions et les secteurs mis en difficulté par la pandémie.
500 milliards d’euros de dotation budgétaire
L'Allemagne s'est donc finalement ralliée à l'opinion française sur la nécessité d'une mutualisation de la dette européenne. "Il faut un effort colossal que la France et l'Allemagne sont prêts à fournir", a justifié la chancelière allemande. Le président de la République a insisté pour sa part sur le soucis de "cohérence" de cette initiative dans un "contexte inédit". Cette annonce s'est accompagnée de précisions techniques. Le fonds sera limité dans le temps, il ne s'agira pas de crédit ni de dépense budgétaire et l'argent avancé devra être remboursé en accord avec les traités et les règles européennes. La Commission européenne devra lever l’équivalent de 500 milliards d’euros sur les marchés puis les redistribuer, sous la forme de dotations budgétaires, aux régions et aux secteurs affaiblis par la crise.
"L'initiative franco-allemande est ambitieuse, ciblée et bienvenue", a salué, le soir même, la présidente de la BCE, Christine Lagarde. Cette enveloppe de 500 milliards viendra compléter les 540 milliards d'euros du plan d'urgence élaboré par les ministres des Finances pour répondre au choc économique de la crise du coronavirus.
Convaincre les pays frugaux
Le sujet du fonds de relance européen a déjà fait couler beaucoup d'encre et a mis en exergue le clivage européen entre les pays du Nord et les pays du Sud. "Cette proposition va dans le sens de celle préparée par la Commission, laquelle tiendra également compte des points de vue de tous les États membres et du Parlement européen", a précisé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. L'initiative du coupe franco-allemand devra, en effet, convaincre en premier lieu les pays frugaux, opposés à une mutualisation de la dette européenne. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire l'a rappelé ce mardi lors d'une audition à l'Assemblée nationale, "il restera à emporter la conviction d'autres États membres, en particulier de quatre États : l'Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas". Les négociations auront lieu au mois de juin, lors du Conseil européen.
Mise à jour 25 mai 2020
Les pays frugaux n'ont pas tardé à régir à l'initiative franco-allemande. Leur réponse a pris la forme d'une contre-proposition transmise à la Commission européenne samedi 23 mai. Sans surprise, l'Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas campent sur leurs positions et rejettent le principe même de la mutualisation de dette. Ils lui préfèrent la mise en place de prêts. "Nous ne pouvons pas accepter quelque instrument menant à une mutualisation de la dette ou une augmentation significative du budget européen", précisent les quatre États frugaux. L'Allemagne n'a donc pas réussi à entrainer avec elle l'adhésion des pays du Nord.
Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de l’économie a déjà assuré aux eurodéputés que la Commission européenne soutiendrai l’idée d’émettre de la dette commune. "Nous allons créer un fonds supplémentaire qui sera financé par des emprunts sur les marchés", a-t-il précisé. La Commission devra présenter ce mercredi sa proposition de fonds de relance économique et de budget pluriannuel 2021-2027.
Béatrice Constans