Les conséquences économiques de huit semaines de confinement pourraient coûter 120 milliards d’euros à l'économie nationale. Voilà l’un des enseignements majeurs de la dernière étude de l’OFCE, le centre de recherche en économie de Sciences-Po, publiée aujourd’hui.

Le chiffre est tombé ce matin. Dans la droite lignée des annonces de la Banque de France et de l’Insee, l’Observatoire français des conjonctures économiques vient de confirmer que les huit semaines de confinement prévues actuellement en France pourraient représenter une réduction de 32 % du PIB national. « Une telle chute de l’activité, nonobstant la rapidité avec laquelle elle se produit, n’a jamais été observée, à part peut-être en temps de guerre », précise l’étude. Dans le détail, sur les 120 milliards d’euros en moins dans l’économie hexagonale, plus de la moitié sera « absorbée par les administrations publiques, par la hausse du déficit public ». En revanche, 35 % incomberont aux entreprises, « ce qui pose la question du rebond après l’épisode de confinement », notent les experts. En effet, le risque est grand « de voir s’enclencher une spirale récessive : faillites et réduction de l’emploi conduiront à une réduction du revenu des ménages qui alimentera la réduction de l’activité ».  De leur côté, les ménages accumuleraient une épargne forcée de 55 milliards d’euros. « Cette épargne découle du soutien apporté à l’économie et en particulier du soutien aux revenus d’activité des ménages ». Il est ici fait référence, pour l’essentiel, au chômage partiel auquel le recours est massif et aux arrêts de travail pour garde d’enfants. Mais il ne faut pas oublier le fonds de solidarité pour les indépendants, les autoentrepreneurs et très petites entreprises ou l’aide pour les ménages modestes évaluée à un milliard d’euros.

Bercy planche sur l’après confinement

Face à ces prévisions, le ministères de l’Économie et des Finances planche déjà sur un plan de relance et de soutien pour la sortie du confinement. Pour l’instant, toutes les idées sont sur la table. Si Les Échos croient savoir que le plan qui se dessine comportera deux volets – « un soutien à la demande et, surtout, des aides aux entreprises pour éviter les faillites en cascade » –, rien n’est encore acté. Toutes les options sont encore envisagées. Si certains pensent que des apports en fonds propres seront nécessaires, d’autres envisagent des annulations de charges. Une idée partagée par l’OFCE. « Il paraît difficile de ne pas annuler des créances pour les entreprises qui auront subi l’impact du confinement ». Pourtant, les experts préconisent des annulations ciblées. « Annuler complètement et de façon non ciblée les charges sociales ou fiscales aurait un coût budgétaire très élevé et constituerait pour un certain nombre d’entreprises un effet d’aubaine peu justifié dans une période d’augmentation conséquente du déficit public.» D’autres enfin plaident pour des apports en quasi-fonds propres. Une solution que ne rejette pas le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau dans l’entretien parue dans le Journal du Dimanche, appelant toutefois à la plus grande prudence s’agissant « d'argent public, il faudra être pragmatique et sélectif », précise-t-il. Il y a fort à parier que Bercy opte pour un mélange de toutes ces pistes. D'ici à trouver le bon équilibre et les meilleurs arbitrages, la route reste encore longue.

S.V.

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