Bain & Company présente son rapport 2020 sur le private equity
Une bonne année de plus pour le private equity
Le private equity se porte toujours aussi bien. Tant en valeur qu’en volume. En 2019, le nombre de rachats se hisse à plus de 3 500, en légère augmentation par rapport à 2018. Le montant global de ces acquisitions redescend, lui, de 607 à 551 milliards de dollars. En termes comptables, 2019 reste une bonne année pour le private equity, surtout au regard de l’excellent millésime 2018. Les liquidités abondent dans le capital-investissement, ce qui permet aux entreprises de lever toujours plus de fonds sans devoir faire face aux contraintes d’une introduction boursière. Raison pour laquelle on constate une diminution de 32 % des IPO par rapport à la période 2014-2018.
Mais la tension du marché se fait sentir
Bain met également en avant deux tendances a priori contradictoires qui révèlent la tension du marché. Tout d’abord, on constate une forte augmentation des multiples : 55% des rachats aux États-Unis représentent au moins onze fois l’EBITDA des entreprises ciblées, du jamais vu. Si les sociétés se vendent toujours plus cher, on peut supposer que les investisseurs misent davantage sur la croissance de long terme de celles-ci. Pourtant, on s’aperçoit dans le même temps que les actifs sont détenus de moins en moins longtemps chaque année. En 2019, les sorties interviennent, en médiane, quatre ans après les entrées, contre 6 ans en 2014. Il s’agit de la durée de détention la plus courte depuis 2010. Pourtant, les rendements sont au rendez-vous, bien au-dessus des cours des indices de marché des PME, en particulier en Asie et en Europe.
Le système tient, mais fonctionne en flux extrêmement tendus. En effet, la poudre sèche - les fonds levés mais pas encore appelés - ne cesse d’augmenter, poussant les fonds à investir. Seule la confiance dans la macroéconomie sous-tend ce modèle où les GPs sont poussés à investir et à vendre toujours plus. Conséquence, les craintes à ce sujet commencent à se faire sentir. Les fonds classent les conditions macroéconomiques en deuxième position des challenges à venir pour le private equity (sixième l’année précédente). Ils sont 41 % à penser que le peak du marché est passé, contre 12 % en 2018. La stabilité de l’économie mondiale pourrait être altérée par les guerres commerciales, les crises financières, le Brexit, les inégalités sociales ou, encore, la pandémie potentielle liée au Covid-19.
Les difficultés des petits fonds généralistes
Une autre tendance que le cabinet de conseil met en avant dans son rapport est l’occurrence d’une dynamique de winner-take-all. Si le nombre de closing de fonds a diminué de plus de 13 % par rapport à 2018, la taille médiane des véhicules a quasiment doublé sur la même période. Autrement dit, les plus gros fonds lèvent toujours plus, aux dépens des petits. Cela est particulièrement vrai pour les fonds généralistes, par opposition aux fonds spécialisés qui parviennent encore à tirer leur épingle du jeu. S’il n’y a pas vraiment d’intégration horizontale entre les gros fonds, on constate plutôt une diversification de leur offre d’investissement grâce au rachat de ces petits fonds spécialisés.
La finance d’impact en pleine forme
Bain met en évidence la corrélation entre le respect des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et les performances financières. Dans le détail, celle-ci est positive dans 63 % des cas, neutre pour 29 % et négative pour seulement 8 %. Depuis 2003, les leaders de l’ESG ont surperformé de 37 % par rapport à l’indice Stoxx 1800. Les fonds à impact ont donc levé 55 % de capital de plus qu’en 2018. Le monde du private equity prend conscience de sa responsabilité et de son intérêt à financer des acteurs respectueux de leur environnement. D’ailleurs, Bain vient de prendre une participation minoritaire au capital d’EcoVadis, la plateforme collaborative de notation RSE, pour intégrer ce service à son offre de conseil.
Baptiste Delcambre