Label Greenfin : l’Europe en ligne de mire
Remis au goût du jour, le label TEEC devient Greenfin. Cette certification, lancée en juin 2019 par le ministère de la Transition écologique et solidaire, remplace celle créée en 2015 à la suite de la COP 21. Premier label d’État spécialement dédié à la finance verte, il garantit la transparence et l’engagement environnemental des produits financiers. Une démarche saluée par de nombreux investisseurs comme Pascale Baussant, gérante de Baussant Conseil : « Les créations de labels ne peuvent être que positives, encourageant non seulement les épargnants mais aussi les conseillers à s’intéresser à cette catégorie d’investissement. Le changement de nom du label TEEC en label Greenfin lui donne une meilleure visibilité. »
Un référentiel complexe
La transition avec le précédent label s’opère donc en douceur. Il appartient à Novethic, EY France et Afnor Certification la responsabilité de le délivrer. Sur quels critères ? Ils sont définis par un comité et s’appliquent de la même manière à toutes les sociétés de gestion. Pour Nicolas Redon, responsable de la veille et expert en finance verte chez Novethic, « le référentiel s’articule autour de trois piliers ».
Premier label d’État spécialement dédié à la finance verte, il garantit la transparence et l’engagement environnemental des produits financiers.
Le premier correspond au fléchage des investissements vers la transition énergétique et économique. Un fonds d’investissement qui souhaite recevoir ce label doit justifier qu’il mobilise un pourcentage majoritaire dans des activités participant à la transition écologique et énergétique et à la lutte contre le changement climatique. « Il faut s’assurer qu’il y a une stratégie d’investissement avec une recherche d’objectifs environnementaux et une attention particulière est portée aux exclusions », ajoute-t-il. L’énergie, le transport propre, la gestion des déchets et le contrôle de la pollution figurent parmi les activités durables prises en compte pour l’obtention de cette certification
Le deuxième pilier renvoie à « l’utilisation des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance lors de la construction du portefeuille », comme l’explique Philippe Fidaire, directeur général de NN Investment Partners France. Ce référentiel du label Greenfin bannit de son périmètre d’investissement les activités économiques qui n’ont pas de lien avec la transition énergétique et écologique ou qui sont controversées comme les énergies fossiles ou le nucléaire. Nicolas Redon souligne ainsi qu’« un suivi des controverses susceptibles d’affecter les actifs du portefeuille s’impose ».
Enfin, dernier pilier, le reporting permet de prouver la qualité des investissements du portefeuille ainsi que l’impact de ce dernier. « Les sociétés de gestion doivent démontrer les impacts positifs de leurs investissements et prouver que ces derniers financent réellement la transition énergétique et écologique », indique Philippe Fidaire. Les fonds candidats à ce label doivent respecter certains critères en matière environnementale, sociale et gouvernementale. Concrètement, ces trois critères vont permettre de vérifier si les fonds candidats entrent dans le champ de la labellisation. Si la candidature est recevable, un contrat est établi entre la société de gestion de portefeuille et l’organisme certificateur. Nicolas Redon émet toutefois des réserves : « S’agissant d’une évolution des critères, le périmètre des exclusions sectorielles pourrait néanmoins être amené à changer légèrement en fonction de ce qui sera adopté pour le futur écolabel européen. »
Le fonds est dans l’obligation d’instaurer un moyen de mesure de la contribution effective de ses investissements la transition énergétique et écologique. Pour l’expert en finance verte, « s’il existe différences approches, il est intéressant de voir l’intérêt commun des gérants de ces fonds pour les entreprises qui accélèrent leur transition énergétique et écologique. »
Aujourd’hui, 42 fonds sont labellisés Greenfin pour un total de 12 milliards d’euros.
Le label Belge, une référence ?
En Europe, le label Belge Towards Sustainability a été établi en 2019 par la Fédération belge du secteur financier. Il vise à promouvoir les produits financiers intégrant une démarche d’investissement responsable tout en définissant un cadre de confiance pour l’épargnant final. Pour Nicolas Redon, « cette certification se rapproche davantage du label ISR. Des exclusions ont néanmoins été introduites dans le label Towards Sustainability, pour refléter des attentes de plus en plus strictes des épargnants, contrairement au label ISR ». En pratique, le label Greenfin est cependant plus difficile obtenir que la certification belge. « À l’échelle européenne, les labels LuxFLAG Climate Finance et LuxFLAG Environment sont ceux qui se rapprochent le plus du label Greenfin avec des exigences très fortes sur la teneur verte du portefeuille. », ajoute l’expert de Novethic.
Vers la création d'un label Européen ?
Aujourd’hui, 42 fonds sont labellisés Greenfin pour un total de 12 milliards d’euros. Résolument verts, ces fonds sont éligibles aux obligations relatives la loi Pacte, notamment concernant l’assurance-vie. Cette labellisation semble en accord avec la volonté des épargnants. « Le fait que ce label soit porté par le ministère de l’Écologie donne une impulsion supplémentaire. Les fonds labellisés Greenfin seront donc, à mon sens, amenés à se développer rapidement », confirme Pascale Baussant.
La création d’un label européen résolument vert est l’un des enjeux pour la finance durable. « Le processus de création d’un écolabel européen est en cours et s’oriente vers un fonctionnement similaire au label Greenfin, explique Nicolas Re-don. Les fonds éligibles en Europe seraient les plus positionnés sur des actifs sous-jacents en lien avec l’économie verte. » Le défi de l’Europe est donc de définir une taxonomie autour de critères que les fonds devront respecter afin d’être éligibles. « Au niveau européen, la définition de ce qui est vert sera structuré et fédéré autour d’une taxonomie d’activités vertes et durables.», conclut-il.
Chloé Buewaert