Natixis cède 29,5 % du capital de la Coface pour près de 500 millions d’euros
Cette cession était attendue depuis longtemps, malgré différents démentis. Natixis vient de signer un accord avec Arch Capital Group, un assureur basé aux Bermudes et coté à New York, portant sur la vente de 29,5 % du capital de la Coface au prix de 10,70 euros par action, soit environ 475 millions d'euros. La banque française conservera alors 12,2 % du capital, pas assez pour rester au conseil d’administration. Au vu des difficultés rencontrées par l’assureur-crédit après la crise de 2008, cette cession est « le résultat du travail de redressement réalisé par la Coface que nous avons accompagné en tant qu'actionnaire », selon François Riahi, directeur général de la filiale des Banques Populaires et des Caisses d'épargne. La banque réalisera cependant une moins-value de 100 millions d’euros.
Depuis les accords de Bâle III, en 2010, les établissements financiers sont soumis à des règles prudentielles concernant leur solvabilité. Le ratio CET 1, qui désigne le rapport des fonds propres les plus sûrs, ceux de catégorie 1, sur les actifs pondérés du risque, doit être d’au moins 4,5%. Grâce à la cession de la Coface, Natixis pourra déconsolider 3,5 milliards d’euros d’actifs pondérés du risque et ainsi gagner 35 points de base sur le ratio CET 1, qui s’élevait déjà à 11,3% fin 2019, au-dessus de l’objectif initial de 11,2 %.
En plus du renforcement de la solvabilité du groupe, cette cession est une bonne nouvelle pour ses actionnaires, car Natixis a « pour discipline de ne pas conserver le capital excédentaire mais de le redistribuer », rappelle François Riahi. Ainsi, les 350 millions d’euros de fonds propres dégagés par l’opération devraient être redistribués aux actionnaires sous la forme de dividendes ordinaires ou extraordinaires, une fois la cession actée par l’accord des autorités, d’ici 6 à 12 mois.
L’univers de taux zéros dans lequel évolue actuellement l’économie mondiale a contribué au maintien sur le marché de sociétés « zombies », c’est-à-dire d’entreprises dont le modèle s’essouffle mais auxquelles la faiblesse des frais financiers permet la survie. Le nombre de défaillance probables pourrait pousser les assureurs-crédit à augmenter leurs prix et, tant que le système tient, à booster le chiffre d’affaires de la Coface. La perspective d’une crise financière d’ampleur, quant à elle, ravive les vieux démons de cette entreprise. Affaire à suivre.
Baptiste Delcambre