Avec un chiffre d’affaires de 835 millions d’euros à fin octobre 2019, la société Quadient, ex-Neopost, croît dans un secteur du B-to-B qui est pourtant à la baisse : le traitement du courrier papier. Bilan sur la stratégie de ce groupe.

Décideurs. Depuis cette année, Neopost s’est rebaptisé Quadient. Pourquoi changer d’identité de marque ?

Geoffrey Godet. Notre changement d’identité représente un nouveau départ et accompagne notre nouvelle stratégie. Alors que Quadient fonctionnait comme une holding chapeautant des entités décentralisées, nous sommes aujourd’hui beaucoup plus intégrés. De nos savoir-faire – le traitement du courrier postal, les consignes automatiques pour le secteur du e-commerce ou la digitalisation des documents des PME –, seul le courrier était vraiment représenté par la marque Neopost. Quadient englobe l’ensemble.

Quel bilan chiffré tirez-vous des dernières années d’activité ?

De 2015 à 2017, Quadient a connu une baisse organique d’environ 2 % par an. En 2018, le chiffre d’affaires s’est stabilisé à 1,1 milliard d’euros avec un taux de croissance organique de 0,2 %. Sur les neuf premiers mois de 2019, ce dernier était de +2,2 %, alors que notre marché traditionnel, le courrier, reste en déclin. Cela signifie que nos nouveaux leviers de croissance prennent le relai.


"Nous pouvons continuer à renforcer nos positions aux États-Unis où nous détenons environ 20% de part de marché"


Quelle est votre assise à l’international ?

Les États-Unis représentent 44 % de notre chiffre d’affaires global, l’Europe 48% dont moins de 20% pour la France et le reste du monde 8 %. Nous sommes présents dans 27 pays et en desservons 70 à l’export. Par souci d’efficacité, nous avons décidé de nous concentrer sur deux zones géographiques, l’Amérique du Nord et en Europe, particulièrement en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et les nations limitrophes, le Benelux, l’Irlande ainsi que l’Italie et la Suisse. Dans les autres pays, nous n’intervenons pas toujours directement, comme en Chine où nous opérons désormais avec un partenaire local.

Votre cœur de métier, le courrier postal pour les entreprises, est un secteur en constante baisse. Comment vous êtes-vous repositionné sur ce secteur pour rester compétitif ?

Dans ce secteur, nous sommes un challenger mondial. Nous pouvons continuer à renforcer nos positions notamment aux États-Unis où nous détenons environ 20% de parts de marché. La baisse du volume de courrier n’y a été que de 3 % à 4% par an sur les dix dernières années, un niveau bien inférieur à d’autres pays. Avec la digitalisation, les entreprises veulent personnaliser les informations clients, comme pour les relevés bancaires. Nous devons adapter nos offres en conséquence. Quadient est adapté aux moyens volumes et a un positionnement dédié aux PME.

Avec la montée en puissance du e-commerce, les besoins en supply chain sont très importants. Comment avez-vous anticipé cette tendance ?

Avec l’e-commerce, le nombre de colis à acheminer explose. Les infrastructures ne sont pas adaptées aux besoins de ce secteur et la livraison jusque chez le client revient très cher. Se pose aussi le problème de l’expérience client et de la sécurité : comment avoir accès à ses colis 24 heures sur 24 ou éviter de faire entrer un inconnu chez soi ? Quadient cherche à diminuer les coûts globaux de livraison. En milieu urbain, nous avons la conviction que la consigne colis automatique répond à toutes les problématiques d’accessibilité et de sécurité. Aujourd’hui, aux États-Unis, où nous avons acquis récemment Parcel Pending, le leader des consignes colis automatiques pour le secteur résidentiel, nous pensons que le marché pourrait représenter 75 000 consignes en 2022 contre 7 000 à 8 000 installées fin 2017.

Propos recueillis par Nicolas Bauche

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