Forum de Paris pour la paix : pour une régulation diplomatique du numérique ?
À l’ordre du jour, l’élaboration d’une diplomatie numérique européenne. Bâtir un ensemble de règles qui deviendrait un modèle suivi dans le monde est l’objectif annoncé lors de l’événement proposé par le secrétaire d’État français aux Affaires européennes et le secrétaire d’État français chargé du Numérique à la conférence « Engager l’agenda numérique européen » au Forum de Paris pour la paix 2019. Internet est devenu un champ de bataille. Menacée par la Chine et les États-Unis, dont les marchés sont à la pointe des technologies numériques, la Communauté européenne peine à rattraper les big players et creuse son retard dans le domaine de l’intelligence artificielle. L’Europe, terrain pourtant privilégié du développement technologique, fort de ses politiques de régulation et de ses législations protectrices en matière de droits de l’homme, de protection des consommateurs ou encore avec son règlement RGPD devenu un standard mondial, doit s’imposer dans le secteur du digital avec des réponses concrètes aux défis internationaux.
Une coordination essentielle
Plusieurs priorités sont mises à l’honneur, notamment la construction d’un réseau de coopération. Il ne suffit pas d’avoir des valeurs communes, encore faut-il les appliquer de manière identique. Les ministres et ambassadeurs présents se sont rejoints sur la nécessité de créer des plateformes globales de collaboration et d’accroître l’effectivité des législations en matière de protection des données. L’idée principale : introduire une politique compétitive pour un marché du digital plus efficace, réglementé, et surtout capable de concurrencer ceux chinois et américain. La solution ? L’investissement. La Chine consacre chaque année plus de 100 milliards d’euros dans ce domaine. Pour rivaliser, l’Europe devrait a minima investir 20 milliards d’euros par an. Mettre en place une diplomatie numérique nécessite sécurité, créativité, régulation et surtout des infrastructures. Pour cela, les États européens doivent avancer ensemble. Alors que la Chine et les États-Unis discutent déjà d’une 6G, l’Europe manque d’expertises en termes de gouvernance et de big players. Instaurer un dialogue ouvert entre tous les acteurs, dont Facebook ou Twitter, se révèle indispensable. Travailler de manière collective serait la seule solution, même si les divergences d’intérêts promettent d’animer les débats.
Inès Giauffret