Nicolas Puech : le dissident
L’union fait la force, paraît-il. Difficile, de prime abord, de contredire l’adage au regard de l’époustouflant parcours de la famille Hermès qui a su, en quelques décennies, faire émerger un fleuron national du luxe. Le célèbre sellier dont les produits s’arrachent dans le monde entier n’a en effet aujourd’hui plus grand-chose à voir avec la boutique spécialisée dans la confection d’équipements équestres fondée par Thierry Hermès en 1837. Une réussite qui doit beaucoup à la vision des différents dirigeants qui se sont succédé à sa tête, à la qualité des produits et à leur diversification mais aussi à la structure actionnariale du groupe. Hermès s’est attaché, en effet, à conserver son indépendance, cultivant religieusement son actionnariat essentiellement familial, y compris après son introduction en Bourse à Paris en 1993.
Cavalier seul
Le renforcement surprise de la participation de LVMH au capital du groupe à partir de 2010 va faire entrer les deux protagonistes dans un bras de fer judiciaire. Et faire exploser l’unité familiale. Parmi les hommes à l’origine de cette dissension : Nicolas Puech. Le petit-fils du fondateur et principal actionnaire d’Hermès avec près de 6 % des actions s’éloigne ouvertement de la ligne de défense adoptée par tous ses proches. Alors que les cinquante et un autres héritiers constituent H51, une holding non cotée, pour protéger le capital du sellier, Nicolas Puech refuse de rentrer dans le rang, estimant que ce montage risque de le priver de son pouvoir de contrôle. Une attitude qui, selon l’AMF, a permis à LVMH de racheter 8,8 millions de titres Hermès et de poursuivre son renforcement capitalistique par le biais d’equity swap. Malgré les dénégations du principal intéressé, depuis lors, le divorce au sein du clan Hermès est consommé : la participation de Nicolas Puech dans le groupe (environ 5 % du capital selon Challenges) est évaluée indépendamment de celle du reste de la famille.
Caroline Castets