PayFit, l'ambition d'un champion européen
70 millions. C’est le montant récolté par PayFit en juin 2019. La seconde plus importante levée dans l’histoire de la e-RH française. Eurazeo Growth, Bpifrance, Accel, Frst et Xavier Niel ont tous participé au tour de table de PayFit − le quatrième de l’histoire de la start-up créée en 2015, qui a levé depuis sa création 90 millions d’euros. L’objectif de cette opération est simple : « Améliorer les modules déjà existants et en développer de nouveaux, comme la gestion des entretiens annuels », détaille Firmin Zocchetto, CEO et cofondateur de la société, aux côtés de Ghislain de Fontenay et de Florian Fournier. Aujourd’hui, la solution développée par PayFit permet de gérer la paie, les notes de frais et les congés. « L’extension de leur offre produit pourra s’accroître par du développement organique mais aussi potentiellement en rachetant des start-up très spécialisées dans certains domaines RH », note Yann du Rusquec, managing director d’Eurazeo Growth, qui a apporté 35 millions sur les 70 millions d’euros levés par PayFit. Le marché de la digitalisation des ressources humaines capté par la pépite est ce que l’on appelle un blue ocean, c’est-à-dire un marché où la concurrence est quasiment absente. Ce, grâce à une spécificité : la solution s’adresse avant tout aux PME.
Un marché profond et pérenne
« PayFit a pour nous des caractéristiques similaires à Doctolib : c’est une société qui vise les entreprises de petite taille et donc qui se positionne dans un marché localement très profond », analyse Yann du Rusquec. Une comparaison élogieuse pour PayFit, dont l’ambition est de devenir « un champion des RH en Europe », revendique son cofondateur. « Ce qui fait notre succès est la simplicité de notre outil. Il est très intuitif et donc facile à prendre en main par les responsables RH », explique Firmin Zocchetto. PayFit a en effet développé un langage de programmation qui permet de proposer une interface simple tout en intégrant la mécanique complexe du droit du travail des pays dans lesquels la start-up est implantée, soit la France, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Une implantation en Italie est prévue dès l’année prochaine pour PayFit, qui compte déjà 400 clients hors de France sur 3 000 au total. « Le marché sur lequel est positionné PayFit est pérenne, observe Yann du Rusquec. Les TPE/PME apprécient l’outil qui leur permet de reprendre la main sur la paie, en plus d’être remis à jour à chaque modification des codes du travail locaux. »
Des valeurs communes avec ses actionnaires
Pour accompagner ses projets, PayFit s’est entouré de partenaires de long terme, l’horizon d’investissement d’Eurazeo Growth étant généralement de cinq à dix ans. Parmi les autres investisseurs, Bpifrance est l’acteur avec lequel Eurazeo Growth a le plus investi. Un historique qui traduit des valeurs communes : « Nous partageons la même ambition d’accompagner la croissance des PME, affirme Firmin Zocchetto. Ils sont des partenaires financiers et stratégiques, avec lesquels nous allons travailler main dans la main. » PayFit, qui totalise aujourd’hui 300 salariés en Europe, devrait, grâce à cette levée, doubler de taille à la fin de l’année 2020, avec un objectif de 1 000 salariés d’ici trois ans. « Il s’agit probablement de leur plus gros challenge, garder l’agilité d’une start-up en doublant sa taille étant très difficile », affirme Yann du Rusquec, qui se montre néanmoins confiant : « Ce qui nous a énormément séduit chez les trois fondateurs de PayFit, c’est aussi la volonté de maintenir une bonne culture d’entreprise avant tout. » Des fondations solides qui lui permettront peut-être de rejoindre le club très fermé des licornes françaises, dont plus d’une a été accompagnée par les mêmes investisseurs, à l’image de Doctolib ou de Meero, qui a levé 205 millions d’euros en juin 2019.
Camille Prigent