Conséquence directe des déclarations de Mario Draghi et d’un nouveau tweet de Donald Trump, le passage du taux des obligations d’État françaises à dix ans en dessous du seuil des 0 % marque une première historique. Anticipé car déjà effectif sur les obligations à huit ans, ce taux d’emprunt négatif est inédit en France mais déjà constaté depuis plusieurs mois dans de nombreux pays européens.

Le dernier challenge de Mario Draghi à la présidence de la BCE

Président de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu’au 31 octobre prochain, Mario Draghi a annoncé au cours du forum de Sintra au Portugal son intention d’utiliser l’entièreté de la flexibilité de son mandat pour atteindre ses objectifs. Signe annonciateur d’une nouvelle baisse des taux et d’un nouveau programme de rachat massif d’obligations.

Ces déclarations en mode « wathever it takes » ont entrainé dans la foulée une baisse de huit points de base du rendement de l’OAT à 10 ans, l’amenant alors à la limite du seuil fatidique. Le coup de grâce ? Il est venu d’un énième tweet de Donald Trump, menaçant l’Europe de rétorsion si l’euro baissait trop face au dollar. En effet, la crainte d’une augmentation des droits de douane dans l’atmosphère de guerre commerciale est l’une des raisons de la baisse continue des taux d’emprunts.

Actif sûr par excellence, la dette française n’est pas la seule à évoluer dans des eaux nulles ou négatives. Ainsi, de nombreux pays européens naviguaient, au 18 juin dernier, à peine en dessous de zéro comme la Suède, la Finlande et l’Autriche jusqu’à des taux à -0,30 % pour le Danemark et l’Allemagne et même -0,57 % pour la Suisse. À l’échelle internationale, le stock de dette à taux négatif atteint désormais les 12 000 milliards de dollars.

Une bonne nouvelle en trompe l’œil pour l’État

Certes, ces taux bas comme jamais vont limiter la charge de la dette avant une année qui s’annonce record en termes d’emprunt pour l’État, à plus de 200 milliards d’euros, et s’apparente à une bonne nouvelle pour la France. Cependant, ces taux sont révélateurs d’une faiblesse dans les perspectives économiques et pourraient, à terme, entrainer une baisse de revenu pour l’État. En revanche, peu de risques d’assister à une désaffection des investisseurs pour la dette française, ces derniers continuant d’apprécier le faible risque et l’importante liquidité de cet actif.

Théo Maurin-Dior  

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