Délais de paiements : l’essai qu’il ne fallait pas transformer

Élément essentiel de la trésorerie d’entreprise, les délais de paiements ont connu, entre 2017 et 2018, une évolution inquiétante. Selon le baromètre Euler Hermes « Investissement trésorerie 2019 », ces délais sont passés de 71 jours à 73 jours en moyenne. Cet allongement représente 626 milliards d’euros de crédit inter-entreprises. Le secteur des télécommunications a par exemple connu une augmentation drastique en passant d’une cinquantaine de jours à 75 jours. Cette variation du délais de paiement du poste client, qui représente l’une des trois composantes du BFR, n’est pas sans conséquences. Selon les données recueillies par Bloomberg, Allianz et Euler Hermes, les besoins de fonds de roulement se sont en effet accentués de trois jours soit une moyenne de 70 jours. Ainsi, plus d’une entreprise sur dix craint une dégradation de sa situation de trésorerie en 2019. Pour se prémunir des risques éventuels, les grandes entreprises se constituent des réserves. En 2018, ces réserves ont atteint 330 milliards d’euros, tout près du record de 2016 où les entreprises françaises avaient accumulé 332 milliards d’euros de trésorerie.
 

Du retard à l’impayé

Deux phénomènes expliquent l’augmentation du délai de paiement : l’allongement à visée commerciale et les retards. Or, de manière exclusive, ce sont ces derniers qui causent les impayés. L’enquête menée par l’assureur français indique par ailleurs que 18% des entreprises observent une transformation de leurs retard de paiement en impayé. Eric Lenoir, du comité exécutif d’Euler Hermes France précise : « Le risque d’impayé a fortement progressé dans les craintes des entreprises françaises sur leur rentabilité : il est cité par 10% des répondants à notre enquête (+7 points). Entre des défaillances d’entreprises en hausse depuis 3 trimestres consécutifs, des délais de paiement qui augmentent (+2 jours en 2018, 73 jours) et des marges contraintes, la trésorerie des entreprises françaises est sous pression. Le risque d’impayé s’accroit, et les entreprises françaises le ressentent. » Cette pression se ressent d’ailleurs par le revirement à la hausse de la courbe des défaillances d’entreprises en forte baisse depuis 2015. Euler Hermes estime que celles-ci devraient croître de 2 % en 2019 en France.
 

SA