Renault-FCA : mariage avorté
John Elkann avait prévenu, l’offre de FCA était à prendre ou à laisser. Fiat-Chrysler a annoncé le retrait immédiat, mercredi soir de la proposition de mariage qu’il avait émise auprès de Renault le 27 mai 2019. La veille, le constructeur français, qui devait statuer sur la question, reportait sa décision de cinq jours. Ce délai supplémentaire aurait dû permettre aux actionnaires de Renault, aux premiers rang desquels l’État français et Nissan, de discuter du bien-fondé de ce projet. FCA ne leur aura donc pas laissé ce temps. Le sort de cette offre de fusion déposé neuf jours plus tôt s’est joué dans la nuit du 5 au 6 juin après une soirée rocambolesque au siège de Renault, à Boulogne-Billancourt où seulement vingt minutes après l’annonce du report du vote du CA de Renault, FCA annonçait le retrait de sa proposition.
Nissan, la clé de voûte
Le constructeur nippon, non informé des tractations précédant la demande en mariage entre Renault et Fiat Chrysler, s’est finalement révélé être un élément clé dans cette rupture. L’accord tacite de Nissan était la condition sine qua none exigée par l’État français, principal actionnaire de Renault, pour la réalisation de la fusion entre FCA et la marque au losange. Nissan, qui détient 15 % des parts de Renault, loin d’être enthousiaste à l’idée de cette union entre le Français et l’Italo-américain a cherché à temporiser. Les deux représentants du constructeur nippon présents lors de la longue soirée de négociation au siège de Renault se sont ainsi abstenus de voter. Bien que la majorité des administrateurs présents lors de cette réunion aient été favorable au mariage, Jean-Dominique Sénard, le président de Renault, qui avait pourtant remué ciel et terre pour parvenir à ce rapprochement, a finalement décidé de ne pas forcer le pas. Seule et maigre consolation pour celui-ci : le communiqué de presse de son groupe rappelle que le conseil d’administration « n’a pas été en mesure de prendre une décision en raison du souhait exprimé par les représentants de l’État français de reporter le vote à un conseil ultérieur. » Il sera cependant difficile pour le président de la marque au losange de ne pas porter le chapeau de cet échec. À la suite du retrait de Fiat, le cours de Bourse de Renault a chuté jeudi matin à neuf heures de 8 %.
SA