Rapport annuel : l’AMF met l’accent sur l’Europe
C’était le bilan de sa première année complète d’exercice. Robert Ophèle, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a présenté ce mardi le rapport annuel 2018 du régulateur. L’homme fort du gendarme français n’a pas manqué d’évoquer les grandes réglementations qui ont touché le secteur financier, comme la mise en place de Mifid 2 en janvier de l’an passé, les suites des normes touchant dépositaires centraux et fonds monétaires ou encore la préparation de la loi Pacte.
Finance durable
Mais si l’AMF est une autorité française, son action est liée à ce qu’il se passe avec ses pays voisins. Europhile, Robert Ophèle n’a pas caché sa déception sur l’Union des marchés de capitaux. Appelée plus simplement UMC, cette dernière était l’un des projets phares de la Commission européenne. Dans ce cadre, le président de l’AMF avait beaucoup misé sur le renforcement du rôle de l’Esma (Autorité européenne des marchés financiers) qui « constituait à [ses] yeux la pierre de touche pour juger des progrès en matière de convergence. Que soient confiés à l’Esma des pouvoirs de supervision directe accrus ou qu’elle soit dotée de pouvoirs plus forts qu’aujourd’hui lui permettant d’assurer cette convergence entre autorités nationales », a rappelé Robert Ophèle. Bien sûr, le président de l’AMF reconnaît quelques avancées mais, « in fine, on est loin du compte ».
Et ce bilan serait « imputable au Conseil européen », c’est-à-dire aux États membres qui souhaitent garder le maximum de marge de manœuvre au niveau national. Or, à l’heure du Brexit, et alors que Londres envisage de modifier son approche de la réglementation financière pour la rendre plus pragmatique et réactive, l’UE doit réagir. Pour Robert Ophèle, il ne s’agit pas de rejouer le match mais de définir de nouvelles priorités. Le président de l’AMF met en avant quatre thématiques. Parmi elles : concrétiser les ambitions du Vieux Continent en matière de finance durable. Ce qui passera par un accompagnement des émetteurs, gestionnaires et investisseurs. « Il est indispensable de finaliser les travaux européens sur la taxinomie, c’est-à-dire l’établissement d’une classification européenne des activités économiques durables sur la plan environnemental », souligne Robert Ophèle. Le président de l’Autorité insiste aussi sur la stratégie digitale à mettre en place au niveau des 27 États pour les services financiers, sur l'architecture des textes en matière de gestion d'actifs et sur l'information des épargnants.
Pour finir, le régulateur français n’a pas manqué – à l’instar de son prédécesseur, Gérard Rameix – de faire un appel du pied aux pouvoirs publics. L’AMF redit en effet régulièrement la nécessité de renforcer ses moyens humains et de poursuivre la digitalisation de ses processus. Et pour cela, il faut du budget. « Car il n’est pas de bonne régulation sans moyens d’action », a conclu Robert Ophèle.