Frédéric Bost (Financière Arbevel) : "Mieux vaut choisir un gérant sous mandat travaillant en architecture ouverte"
Décideurs. Pouvez-vous nous rappeler le principe de "la gestion sous mandat" ? Ses avantages ? À qui s’adresse-t-elle ?
Frédéric Bost. Le principe de la gestion sous mandat est de déléguer la prise de décision à des professionnels de la gestion d’actifs en fonction d’un cahier des charges défini par les investisseurs. Ce mode d’investissement intéressera notamment ceux qui n’ont pas le temps, la compétence, l’envie ou le recul nécessaire pour prendre les bonnes décisions. La gestion sous mandat s’adresse à tous types d’investisseurs, des personnes physiques, des holdings patrimoniales, des fondations. Ces derniers ont accès à une large gamme de mandats, adaptée à leur profil d’investisseur, du plus prudent au plus dynamique en passant par le mandat discrétionnaire sur mesure.
La gestion sous mandat proposée doit être adaptée à la situation de l’investisseur. Comment est évalué son profil de risque ?
Tous les professionnels de la gestion doivent faire remplir des questionnaires "connaissance du client". Pour définir le profil de risque de l’investissement, nous allons nous appuyer sur ses connaissances et son expérience, sa situation financière en vérifiant le poids des actifs financiers dans son actif global. Nous regardons également leurs objectifs d’investissement et leur horizon d’investissement. Parmi les questions posées aux clients, certaines permettent de réaliser une "analyse comportementale". L’idée est de vérifier la cohérence entre l’espérance de rendement et le niveau de perte supportable et de voir comment le client réagit dans les phases de baisse.
"Un profil investisseur ne doit pas changer en fonction de la conjoncture"
Peut-il changer son profil régulièrement ?
Oui, il le peut mais ce n’est pas le but. Un profil ne doit pas changer en fonction de la conjoncture, mais seulement en fonction d’un changement de situation de l’investisseur. C’est au gérant de faire évoluer le portefeuille selon ses anticipations de marché . Dans le cadre des mandats de gestion proposés par Financière Arbevel, nous pouvons très largement faire varier notre exposition aux actions, et ce, quels que soient les profils. Dans tous nos mandats, le gérant peut désinvestir totalement la part actions, même sur les profils les plus dynamiques. On ne s’interdit pas d’avoir une grosse part en liquidités si la conjoncture le justifie. L’année dernière, au cours deuxième semestre, nous nous sommes par exemple désensibilisés à deux reprises, en juillet puis octobre. En fin d’année, sur un profil dynamique, nous étions ainsi investis à 53% en actions seulement.
De nombreux établissements bancaires et sociétés de gestion proposent une offre "gestion sous mandat". Sur quels critères les épargnants doivent-ils faire leur choix ?
Les épargnants doivent, à mon sens priviligier un gérant sous mandat adoptant une approche patrimoniale avec pour objectif principal, la préservation du capital. C’est un élément qui nous semble fondamental. Le deuxième critère est celui de la simplicité et de la liquidité. Il est conseillé de cibler des supports simples à analyser et compréhensibles, mais surtout liquides. Cela permettra à l’investisseur de ne pas être bloqué s’il y a un coup de froid sur les marchés financiers.
Je recommanderai également de se tourner vers une équipe expérimentée, stable. Elles se révèlent en pratique bien plus performantes dans la durée. Il faut aussi avoir en face de soi un gérant totalement transparent sur les frais pratiqués. Chez nous, les clients savent dès le premier rendez-vous ce que le mandat de gestion va leur coûter. Nous ne pratiquons pas de rétrocessions ou de frais cachés. Enfin, mieux vaut choisir un gérant travaillant en architecture ouverte. L’indépendance des gérants doit leur donner la possibilité de sélectionner les meilleurs fonds, sans l’obligation d’acheter ceux gérés par la société de gestion, sinon l’intérêt du client devient secondaire.
"Sur certains marchés, il est très difficile pour les gérants de battre les indices"
Quelle place pour une gestion active comme la vôtre par rapport à la gestion passive ?
Il faut regarder à deux niveaux. Sur la partie dite d’allocation d’actifs, nous travaillons avec de nombreuses sociétés de gestion. Cela nous permet d’appuyer la construction de notre scénario macroéconomique en ayant accès à l’analyse de stratégistes européens et anglo-saxons. La vision du monde peut être très différente d’un spécialiste à un autre, selon qu’il soit américain, européen ou asiatique. Nous pouvons aussi intégrer quelques fonds d’allocations d’actifs dans nos mandats de gestion. Dans le cadre d’une allocation globale, Il est intéressant de profiter de la compétence de gérants extérieurs. A contrario, nous ne pratiquons pas le "market timing" à court terme. Nous avons une optique d’investissement à long terme, visant à nous préserver du bruit et des rumeurs de marché. Notre processus d’allocation d’actif repose sur une approche fondamentale centrée sur l’entreprise.
La génération d’Alpha, c’est-à-dire le surplus de performance dégagé par un gérant en fonction de son niveau de prise de risque, devient de plus en plus rare. Sur certains marchés, il est très difficile pour les gérants de battre les indices. C’est le cas, par exemple, du marché américain, où il peut être conseillé d’y investir via des trackers répliquant le cours du Nasdaq ou du S&P 500. Nous n’opposons donc pas la gestion active et passive. Nous sommes là pour choisir les meilleurs instruments qui vont permettre de délivrer de la performance aux clients.
Et concernant les offres proposées par les robo-advisors ?
J’observe leur évolution. Pour l’instant, je ne me suis pas encore fait une opinion. Je n’ai cependant rien vu d’exceptionnel, qui montrerait que les robots réalisent de meilleures performances que les bons gérants. Mais cela arrivera peut-être un jour.
Propos recueillis par Aurélien Florin