Pâris Mouratoglou et David Corchia : les géants verts
Si l’énergie verte est une mode relativement nouvelle, Pâris Mouratoglou est un précurseur. Fils d’un grand promoteur grec ruiné par la crise de 1929, il arrive en France à l’âge de 11 ans. Diplômé de polytechnique, il marche dans les pas de son père et fait fortune dans l’immobilier grâce à des investissements à Monaco, Saint-Raphaël et Deauville.
Un pionnier de l’énergie renouvelable
En 1979, il décide de se lancer dans les énergies renouvelables. Il fonde Sithe une entreprise positionnée sur ce secteur alors méconnu. Très vite, le groupe s’impose comme le leader de la cogénération, un procédé qui consiste à récupérer pour le chauffage la chaleur des turbines à gaz qui produisent de l’électricité. En 1991, il persiste et créé la SIIF qui fournisseur d’électricité solaire et éolienne. Le succès est tel qu’EDF en prend peu à peu le contrôle et renomme la société EDF Energies Nouvelles. Bien évidemment, Pâris Mouratoglou siège au comité de direction. Mais le retour à l’entrepreneuriat le démange.
Une association fructueuse
En 2012, il quitte ses fonctions et se remet à son compte. Mais il ne part pas seul. Il démarre son aventure accompagné de David Corchia, ancien de JP Morgan, de BNP Paribas et directeur général d’EDF Energies Nouvelles. Leur nouveau projet a pour nom Eren, la contraction d’économies en ressources naturelles.
Et les deux entrepreneurs s’imposent très vite comme acteurs de référence sur ce marché à très fort potentiel. Le groupe implante centrales hydrauliques, éoliennes et solaires aux quatre coins du monde. De la France à l’Italie en passant par Israël, l’Égypte, l’Argentine et le Brésil. Cette fois ci, c’est un autre grand groupe Français, Total, qui se montre intéressé par le potentiel de la jeune pousse. En septembre 2017, la multinationale acquiert une participation indirecte dans l’entreprise. L’accord spécifie également que Total pourra prendre le contrôle de la société d’ici à cinq ans.
De quoi inciter Pâris Mouratoglou à laisser de côté le monde des affaires pour se consacrer à sa passion pour la musique classique ? Pas certain. Ce pianiste émérite lauréat du premier prix du concours international de Paris n’a aucun tabou. Sauf un : le mot retraite. Une situation corroborée par son associé David Corchia qui dans une interview accordée à La Tribune en 2017 a déclaré : « Pâris Mouratoglou et moi-même aurions plaisir à garder un rôle important pour dix ans ou plus dans une société cotée en Bourse. »
L’énergie verte peut se transformer en billets de la même couleur. Ce n’est pas Pâris Mouratoglou et David Corchia qui diront le contraire.
Lucas Jakubowicz
Fortune : En 2018, David Corchia et Pâris Mouratoglou sont entrés dans le top 500 des fortunes françaises
1,5 milliards d’euros : C’est la somme totale qu’EDF va dépenser pour prendre le contrôle total de SIIF. Une transaction validée par l’AMF.