Un vote sur le Brexit sous le sapin ?
L’affaire « Brexit » pourrait connaître un nouveau rebondissement. Alors que Theresa May a reporté au 21 janvier 2019 le vote par le Parlement du pacte de divorce négocié avec l’Union européenne, une partie de ses opposants politiques tentent au contraire d’en accélérer le processus.
« Nous allons utiliser tous les mécanismes à notre disposition la semaine prochaine pour forcer le gouvernement à faire voter cet accord avant Noël », a déclaré le député travailliste Andrew Gwynne, à la BBC. « Nous ne pouvons pas passer à l'étape suivante tant que le Parlement n'a pas décidé de soutenir ou non l'accord du Premier ministre ».
La prochaine étape ? C’est une possible motion de censure du Parti travailliste contre Theresa May. C’est aussi un hypothétique second référendum sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE.
Le report du vote du Parlement souhaité par Theresay May devait éviter un prévisible rejet de l’accord conclu avec l’UE. En gagnant un peu de temps, la Première ministre espérait convaincre son camp de la validité de ce divorce, et en particulier du « filet de sécurité ».
Un filet de tous les dangers
Ce « backdrop » prévoit un maintien pour une durée provisoire mais indéfinie du Royaume-Uni dans le marché unique, pour éviter le rétablissement immédiat d’un contrôle des biens et des personnes entre la République d’Irlande (indépendante et membre de l’UE) et l’Irlande du Nord, partie intégrante du Royaume-Uni et destinée à suivre le mouvement du Brexit.
Or, ce « filet de sécurité », solution il est vrai bancale, soulève de nombreuses oppositions, en particulier chez les partisans d’un Brexit « dur ». Ceux-ci, nombreux au sein du parti conservateur de Theresa May, souhaitent que le Royaume-Uni puisse couper tous les ponts avec le continent et l’Union. Pas question pour eux d’envisager un maintien dans le marché unique, même le temps qu’une solution soit trouvée à la question irlandaise.
Trois voies au Brexit
Les voies du Brexit sont peut-être impénétrables (tout comme ses conséquences), elles sont aussi peu nombreuses : l’adoption par le Parlement du Brexit négocié par Theresa May ; le Brexit « no deal », c’est-à-dire sans négociations avec l’Europe – une solution dont le poids économique, politique et diplomatique est difficilement mesurable – ; soit l’organisation d’un second référendum.
Liam Fox, secrétaire d'État au commerce international du gouvernement de May, a, le 16 décembre dernier, appelé Theresa May à soumettre ces trois options au Parlement. « Personnellement, je ne serai pas opposé à ce que le Parlement dans son ensemble ait son mot à dire sur les options », a-t-il déclaré à la BBC. « Lorsque vous regardez les options que nous avons, nous devons reconnaître qu'il y a un nombre limité d'options dans le monde réel ici. »
Quant aux travaillistes, ils espèrent accélérer le processus de vote de l’accord signé par Theresa May – et la chute de celle-ci – pour éliminer une des trois options. Ne resteraient plus que le « no deal », solution à laquel la majorité du Parlement est largement opposée, et un second référendum.
Cécile Chevré