Private Equity : l’hypercroissance de l'adolescent de la finance
Le private equity (« capital-investissement » ou « non coté » en français) est né aux États-Unis dans les années 1950, si l’on prend pour point de départ sa forme la plus célèbre, le Leveraged Buyout (LBO) ou l’acquisition avec effet de levier. La Bourse, quant à elle, a plus de quatre siècles d’histoire depuis ses débuts à Amsterdam. Traditionnellement, en dehors du concours bancaire, les entreprises occidentales ont donc très largement fait appel aux marchés publics pour se financer. Mais les temps changent. Et le private equity, cet adolescent de la finance, ne mord plus avec ses dents de lait. Il s’est en fait renforcé de la tête aux pieds. Aujourd'hui, il assure non seulement le développement, le sauvetage et la transmission des sociétés, mais aussi l'émergence de pépites technologiques grâce au capital-innovation. De même, il couvre tous les secteurs d'activités indistinctement, ou parfois, au contraire, au soutien d'un axe thématique bien défini (santé, infrastructures, immobilier, énergie, food...). Probablement cause et conséquence de cette montée en puissance du private equity, les grands investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances, fonds souverains, family offices...) lui confient toujours plus d'argent. Et s'il ne faut pas opposer frontalement le marché du coté à celui du non coté, force est de constater que la Bourse n'est pas aussi dynamique. L'économiste Patrick Artus relevait d'ailleurs que le nombre de sociétés cotées aux États-Unis avait drastiquement chuté en vingt ans (de 8 000 à 3 800). De son côté, le capital-investissement n’a jamais levé autant qu’en 2017 avec 72 milliards de dollars d’engagements rien que pour les fonds à vocation européenne. Les chiffres affichés par le private equity sont sans équivoque : selon une étude EY, il a généré une performance de 8,7 % par an contre 3 % pour l'indice Cac 40 entre 2007 et 2016. David Rubenstein, l’un des pères fondateurs de la discipline et co-fondateur du géant Carlyle, l’a toujours affirmé : « le private equity est davantage un moyen d’améliorer la productivité des entreprises qu’un simple schéma de compensation financière ». La valorisation des actifs mise en place par le capital-investissement séduit aussi les entrepreneurs, dirigeants et financiers. Comme l'explique Philippe Lagarde, directeur général du cabinet de conseil Edulis, « l'alignement des intérêts entre capital investi, patrimoine et management rémunère le risque en fonction de la performance réelle de l'activité » – et non en raison d'un tweet malencontreux ou d'un contrat flambant neuf dont on ne connaît pas encore les applications concrètes.
FS