Avec sa récente levée de 70 millions d’euros, Evaneos rêve d’explorer de nouveaux territoires. Après l’Europe, la plateforme de voyages sur mesure met le cap sur les États-Unis. Ambition affichée : continuer à doubler son chiffre d’affaires tous les deux ans.

« Voyager est la seule chose qu'on achète qui nous rend plus riche ». Evaneos pourrait s’approprier cet adage. En supprimant les intermédiaires, la start-up souhaite démocratiser l’expérience du voyage sur mesure. Ici, le panier moyen se situe autour de 1 500 euros par personne, soit jusqu’à 50 % moins cher que dans une agence traditionnelle. « Notre objectif est aussi de faire émerger un tourisme plus consciencieux de l'environnement et des cultures locales », insiste Éric La Bonnardière, cofondateur et président.

 

93 M€ levés depuis 2009

L’aventure entrepreneuriale sourit également à la start-up qui se rémunère en touchant une commission sur chaque prestation. En septembre dernier, Evaneos finalisait une levée de fonds de 70 millions d’euros, l’une des plus importantes de la French Tech de l’année. Malgré des contacts avec de grands groupes, les deux cofondateurs, Éric La Bonnardière et Yvan Wibaux, n’ont pas l’intention de vendre. « Notre passion à créer est toujours intacte : nous ne sommes qu'au début de l'aventure », explique le dirigeant. Au total, depuis sa création en 2009, elle aura récolté 93 millions d’euros, pour une valorisation estimée à 150 millions. Pour ce quatrième tour de table, Evaneos enregistre l’arrivée de trois fonds : Partech, Level Equity et Quadrille Capital. Les actionnaires historiques, XAnge, Serena Capital et Bpifrance, remettent au pot. Seul Isai, qui avait besoin de clôturer son fonds, en profite pour sortir.

Les investisseurs ont été séduits par le potentiel de la start-up qui ambitionne de devenir une marque mondiale. Aujourd’hui, le marché du voyage s’élève à 60 milliards de dollars par an. Un chiffre qui devrait exploser dans les années à venir puisqu’on comptera deux milliards de touristes en 2020, contre 1,7 milliard en 2017. Alors que les agences traditionnelles ont vu leur activité reculer de 4 % l’an dernier, Evaneos réussit à doubler de taille tous les deux ans. Si aucun chiffre officiel n’est communiqué, l’agence de voyages nouvelle génération réaliserait un chiffre d’affaires compris entre 12 et 15 millions d’euros.

Cap sur les États-Unis

Pour maintenir ce rythme, Evaneos investira l’argent levé selon trois axes : l’international, l’innovation et le marketing. Déjà très présente dans neuf pays européens, la start-up tricolore compte 60 % de voyageurs étrangers. L’arrivée d’un fonds américain, Level Equity, lui permettra de partir à la conquête des États-Unis. Pour le moment, Evaneos hésite encore à ouvrir un bureau sur place : elle gère actuellement tous ses pays européens depuis son siège, situé rue Mogador à Paris. Une chose est sûre, elle embauchera de nombreux profils internationaux. Les 70 recrutements prévus d’ici fin 2019 serviront l’ensemble des projets Evaneos dont la couverture du marché américain. Fin 2019, Evaneos emploiera 250 salariés.

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En matière d’innovation, Evaneos privilégiera l’amélioration de la plateforme et du logiciel mis à disposition des agences locales pour les attirer et les fidéliser. Car, pour faire face à la croissance de ses activités, la start-up doit trouver 500 nouveaux partenaires d’ici à fin 2019. La société dispose d'une équipe de cinquante personnes dédiées à leur sélection. « Sur une base de données d'environ 10 000 partenaires potentiels, nous n'en avons retenu que 1 200 répartis dans 160 pays, insiste le président. La qualité des agences locales est primordiale pour nous car elles sont les garantes de l'expérience Evaneos. » La jeune société compte enfin investir dans son image de marque. Depuis la rentrée, elle diffuse des spots publicitaires sur Arte et France 2 pour se faire connaître du grand public. Elle souhaite également développer son propre média afin de proposer aux voyageurs un site d’inspirations. Comme pour toute start-up en forte croissance, la question de la rentabilité ne semble donc pas être la priorité. Pourtant, selon un conseil de l’opération, l’activité française serait proche du point d’équilibre. De quoi envisager l’avenir avec sérénité.

Vincent Paes

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