Alice Lhabouz, l'audacieuse
L’esprit d’entreprendre, Alice Lhabouz l'a depuis toujours. Sa première structure voit le jour alors qu'elle est encore sur les bancs de l’Institut supérieur du commerce de Paris, où elle crée le club d'investissement de la business school. De sa spécialisation en finance de marché naît une ambition : fonder sa propre société de gestion. Elle décide tout de même de faire ses classes avant de se lancer et entre à la direction des émetteurs de l'Autorité des marchés financiers, puis au sein de Richelieu Finance et de la Financière Meeschaert, où elle devient gérant privé pour le compte de grandes familles françaises.
Des thématiques innovantes
En 2011 démarre l'aventure Trecento Asset Management, avec un positionnement simple : investir sur des thématiques innovantes en s'appuyant sur les compétences des gérants de la société de gestion, mais également sur les retours de professionnels des secteurs visés. Le premier sera la santé, marché avec lequel Alice Lhabouz s’est familiarisée lors de ses précédentes expériences. Investi sur des actions internationales, Trecento Santé répartit son capital entre laboratoires pharmaceutiques, entreprises de matériel médical, services à la santé (cliniques, assurances, transport spécialisé…) et biotechs. « Ce fonds est le moins volatil de la place, assure la dirigeante. D'abord parce que nous avons exclu toutes les sociétés non rentables de notre univers d'investissement, et aussi grâce à notre analyse. »
« Notre objectif est de devenir une porte d'entrée sur la blockchain pour les investisseurs institutionnels »
Le soutien d'experts
Car la trentenaire a su bien s'entourer. À la création de Trecento AM, elle fait appel à une dizaine d'entrepreneurs pour la financer à travers une holding. Lorsque Trecento Santé est lancé en 2012, c'est Next AM, l'incubateur de La Française, qui apporte 15 M€ au fonds. Alice Lhabouz ne s'arrête pas là : elle réunit un comité d'experts formé de professionnels de la santé pour accompagner la gestion de son fonds. « Ils partagent leur vision de leurs domaines d'activité respectifs mais aussi les perspectives qu'ils entrevoient sur ces marchés », explique-t-elle. Une stratégie gagnante pour ce fonds qui, en six ans, affiche une performance de + 76,75 %, pour une volatilité d'environ 10 %. Forte de ce premier succès, Alice Lhabouz lance en janvier 2017 un deuxième fonds dédié à la robotique. Toujours investi en actions internationales, il est plus exposé à l'Asie que le fonds santé, et s'intéresse notamment aux secteurs du transport autonome, de l'intelligence artificielle et de la santé connectée. Depuis sa création, Trecento Robotique affiche une performance de 22,77 %.
Un ambitieux projet d'entreprise
Mais un autre projet occupe la plus jeune femme en Europe à avoir obtenu l'agrément de société de gestion : la création d’une société basée sur une technologie à laquelle elle croit beaucoup : la blockchain. « Nous estimons à 63 % de hausse par an le chiffre d'affaires agrégé des sociétés qui l’utilisent. » Pour financer Trecento Blockchain Capital, du nom de la future société de gestion, Alice Lhabouz réalise une ICO, ou initial coin offering, qui se clôturera en fin d’année. Le principe : émettre des jetons numériques échangeables contre des cryptomonnaies. « Notre objectif est de devenir une porte d'entrée sur la blockchain pour les investisseurs institutionnels. » Pour ce faire, quatre fonds devraient voir le jour, à partir de 2019 : un fonds ICO, un fonds de crypto-arbitrage qui jouera les écarts de prix entre les différentes places de marché, un fonds de venture capital axé sur les entreprises ayant recours à la blockchain, et un fonds de fonds. « Nous avons toujours travaillé sur des thématiques innovantes et nous allons continuer à le faire », affirme Alice Lhabouz. Aujourd'hui à la tête d'une équipe de sept personnes, la fondatrice, qui gère un peu moins de 200 millions d'euros d'actifs, n'a probablement pas fini de nous surprendre.