Xavier Jégard (APDC) : « Le métier est intégré dans le processus de gestion quotidienne et future d’une entreprise »
Décideurs. Quels sont les missions et objectifs de l’APDC ?
Xavier Jégard. L’APDC est une association de professionnels pour les professionnels. Nous nous définissons comme un club, un lieu de partage, de benchmark et de partage de bonnes pratiques pour les directeurs comptables et de gestion au sens large du terme. L’association se veut une place d’échanges et donc de formation. Fort de ses 800 membres à Paris et en province, nous informons et apportons un éclairage sur les sujets techniques qui concernent nos membres. Il peut s’agir par exemple de la mise en place de la norme IFRS 16, des implications pratiques de la dernière loi de finances, de l’interprétation de recommandations de l’AMF ou de l’Autorité des normes comptables (ANC). Nous intervenons donc comme des « préparateurs » dont l’objectif est de faciliter l’application concrète de nouvelles règles à la profession. Enfin, l’APDC est un lieu privilégié pour échanger sur la profession et ses évolutions, notamment au sein des groupes de travail thématiques et techniques consacrés à la comptabilité, la fiscalité, la consolidation, etc.
Menez-vous des actions de formation ?
Pas au sens strict du terme. Nous n’avons pas pour but de proposer des formations professionnelles. Nous avons en revanche une vocation à promouvoir nos métiers, notamment auprès des jeunes générations. Comparé aux autres professions financières, la comptabilité attire moins. Pour enrayer ce phénomène, nous intervenons dans des écoles pour présenter le métier et organisons annuellement la remise du prix APDC du meilleur mémoire pour les étudiants en master comptabilité, contrôle et audit. Nous accordons également des bourses à des étudiants en IUT qui désirent poursuivre leurs études dans le domaine comptable. Ces différentes actions sont d’excellents moyens pour contrer le désintérêt des jeunes générations pour nos métiers depuis quelques années. La robotisation et l’automatisation de certaines de nos missions font croire que d’ici à quelques années, nous aurons besoin de moins de comptables. Or, le métier ne va pas disparaître mais bien continuer à évoluer.
« Nous intervenons donc comme des " préparateurs " dont l’objectif est de faciliter l’application concrète de nouvelles règles à la profession »
Quelles mutations la fonction comptable connaît-elle ?
Le métier est en plein changement, même si son image est assez datée, comme le révèle l’étude portant sur la représentation du comptable dans la bande dessinée que nous avons menée il y a quelques temps. Pourtant, le métier est aujourd’hui intégré dans le processus de gestion quotidienne et future d’une entreprise. Le professionnel est interrogé sur tous les sujets de réorganisation ou de fusion par exemple, sur les incidences comptables de telles opérations. Il est devenu un partenaire de la direction du groupe tout en conservant cette mission de gardien du temple. En un mot, il est devenu un manager, imaginatif et fort de propositions, sans renier sa maîtrise technique comptable.
Quels sont les prochains défis du métier ?
Le premier, qui n’est pas nouveau, consiste à parvenir à constamment s’adapter à l’évolution normative tout en veillant à éviter de déconnecter le métier de la réalité. L’information financière a de plus en plus tendance à s’éloigner des règles comptables très normées. Les définitions de l’Ebidta ajusté ou du résultat opérationnel ou de l’endettement, toujours plus financières, en sont de bons exemples. Il va donc falloir accompagner cet irrémédiable mouvement tout en continuant d’incarner le rôle de gardien du temple pour présenter des comptes qui respectent les normes. De plus, l’émergence et la généralisation de la compliance au sein des entreprises constitue un nouveau défi pour notre métier puisque le comptable et sa direction sont non seulement concernés mais aussi sollicités sur ces questions nouvelles et fondamentales.
Avez-vous vocation à dialoguer avec les pouvoirs publics pour leur soumettre des idées de réforme ou leur adresser des retours d’expérience ?
Non, pas pour l’instant. Nous ne nous positionnons pas du tout comme lobbyistes ou représentants d’intérêt amenés à formuler des propositions sur des projets de textes. Il existe déjà plusieurs instances nationales et européennes qui remplissent cette mission. Nous n’intervenons donc pas activement mais, si nous sommes sollicités à propos de l’application d’une norme et sur ses conséquences pratiques, bien sûr, nous y répondons.
Propos recueillis par Sybille Vié