« L’affacturage est un levier de croissance organique et externe »
Entretien avec Thibaut Robet, Gaëtan du Halgouët et Cyril de Robillard, associés, Chateaudun Crédit
Décideurs. Pouvez-vous présenter l’activité d’affacturage de Chateaudun Crédit ?
Thibaut Robet. Chateaudun Crédit est une société de courtage spécialisée dans l’affacturage et plus largement dans le financement du poste clients.
Mettre en place un programme de financement de créances (affacturage, titrisation, ABL…) est un projet structurant et très consommateur de ressources pour une entreprise.
Notre métier est de conduire et de mener à bien ce projet dans tous ses aspects : audit, évaluation de la ligne de financement, négociation des conditions, implémentation et contrôle des flux informatiques, accompagnement juridiques et comptables.
Comment le marché de l’affacturage évolue-t-il en France ?
C’est un marché en forte croissance (+8,7 % en 2017) qui s’adresse à toutes les tailles d’entreprises TPE, PME, ETI jusqu’aux groupes internationaux. Les sociétés d’affacturage françaises (ou « factors ») sont très tournées vers l’international (18 % de leur business réalisés avec des sociétés non résidentes) et ont sur ce point un train d’avance sur leurs homologues européens.
Au cours des trois dernières années, plusieurs fintechs, ayant recours à des refinancements privés, ont vu le jour en France. Si elles ne pèsent pas encore très lourd dans les volumes de créances financées, elles ont indéniablement bousculé les acteurs bancaires traditionnels.
« Notre métier
est de faciliter
la communication entre la société et son factor »
Quels atouts ces fintechs font-elles valoir pour tenter de gagner des parts sur le marché de l’affacturage ?
Les fintechs apportent deux nouveautés : le financement de facture à l’unité là où le factor finance un poste clients dans sa globalité, et la promesse d’un financement dans les 48 heures suivant l’entrée en relation. L’un des principaux factors français a déjà réagi en lançant sa propre plateforme.
Ce segment du financement ponctuel est-il suffisamment étendu pour que ces start-up décollent vraiment ? Trouveront-elles leur place dans ce marché de l’affacturage français qui se porte bien ?
Qui sont vos clients ?
Nos clients, ce sont plus de 350 TPE, 260 PME-ETI et 40 groupes internationaux établis dans 22 pays dont beaucoup sont détenus par des fonds d’investissement.
L’ensemble de nos clients aujourd’hui utilise plus de 3,5 milliards d’euros de financement soit 8 % des encours du marché français.
Depuis notre création en 2005 nous avons servi plus de 800 entreprises.
Nous avons une offre dédiée à chaque segment de clientèle.
« Le factoring est l’outil de financement le plus résistant aux situations difficiles »
Quelle est votre mission lorsque vous intervenez au service de fonds d’investissement ? Ont-ils des attentes spécifiques ?
De plus en plus d’investisseurs nous demandent d’équiper leurs participations d’une ligne d’affacturage. Au même titre que la RCF tout en étant plus souple et moins cher, l’affacturage apporte de la sécurité au LBO. Notre première mission auprès de l’investisseur, consiste à quantifier la ressource de financement disponible sur le poste clients afin de sécuriser les prévisions de trésorerie.
Puis notre objectif est, comme dans tous les autres contextes, de conduire le projet et d’obtenir le financement dans le délai imparti.
Pendant et juste après l’acquisition, l’équipe finance est souvent très sollicitée, nous sommes là pour l’épauler.
En quoi le factoring constitue-t-il une source de financement fiable ?
L’affacturage est un outil de financement de la croissance organique mais aussi un accélérateur de la croissance externe pour les entreprises déjà génératrices de cash. C’est un outil robuste car adossé à un actif.
Où en êtes-vous en matière de digitalisation ? Quelles sont les demandes de clients dans ce domaine ?
Pour accroître et accélérer le financement il faut accroître et accélérer la communication entre l’entreprise et son partenaire financier. Encore beaucoup trop d’informations circulent par email entre l’entreprise et son factor. Ce sont souvent des informations disponibles dans le système de l’entreprise, que l’entreprise doit extraire elle-même ou avec l’intervention d’un auditeur externe.
La digitalisation doit porter sur ce flux d’informations pour permettre au factor de mieux comprendre son client et donc mieux le financer.
Les entreprises ont besoin d’outil de pilotage de leurs contrats d’affacturage pour suivre et calculer leurs financements.
Vous développez également une activité en retournement. En quoi l’affacturage constitue-il une solution durable pour les entreprises en difficulté ?
En affacturage, le risque du prêteur porte principalement sur les débiteurs de l’entreprise et beaucoup moins sur la solvabilité de l’entreprise emprunteuse. Si l’entreprise se porte mal mais que ses clients se portent bien, le factor pourra continuer de la soutenir.
Le rôle de Chateaudun Crédit dans les situations de retournement n’est pas différent de celui que nous jouons dans les situations normales : permettre à l’entreprise de monter un financement fiable et durable, faire en sorte que malgré une situation financière difficile, elle puisse bénéficier de bonnes conditions.
Quels sont les projets de Chateaudun Crédit à court et moyen terme ?
L’année dernière, nous avons atteint 3,5 milliards de financement cumulés pour nos clients, nous avons continué de renforcer notre équipe, qui compte désormais vingt personnes. Notre projet, c’est toujours plus de service et d’outils pour nos clients :
- le développement de notre activité internationale ;
- le déploiement de notre service IT ;
- le développement de notre activité de caution ;
- le renforcement de notre offre de financement sur stocks…