Ph. Sarica (SF2) : « La gestion active reste une source de performance importante. »
Décideurs. Vous êtes à l'initiative de la création de la SF2. De nombreuses associations coexistent à ce jour sur la Place, quelles seront les particularités de la Société Française des Sélectionneurs de Fonds ?
Philippe Sarica. Notre projet n’est pas nouveau. J’avais imaginé de monter l’association il y a une dizaine d’année, déjà. Nous l’avons fait aujourd’hui avec une trentaine de professionnels fondateurs. L’originalité de notre association est de regrouper toutes et tous les professionnels qui se spécialisent dans la sélection des fonds, et de leurs gérants. Les principaux motifs de sa création relèvent d’abord, de notre désir de mieux situer cette activité dans le panorama français et européen, puis, de la faire reconnaitre comme un apport essentiel afin de mieux gérer son épargne et, enfin, à traiter des besoins communs et spécifiques de la diversité des acteurs : entreprises financières et pourquoi pas particuliers, en mal d’éducation financière.
Quelles sont les conditions requises pour devenir membre ?
L’adhésion se fait à titre individuel. Il faut simplement être ou avoir été sélectionneur de fonds ; il faut faire acte de candidature et verser une cotisation annuelle. Pour le reste l’admission se fait par approbation du bureau de l’association au vu de l’expérience professionnelle du candidat. Outre la France, nous comptons sur des correspondants en Europe.
Comment s'organisera le travail de l'association ?
Nous ouvrons trois commissions respectivement consacrées à la recherche, à la formation et aux meilleures pratiques de place. La recherche devrait avoir une place prépondérante, en particulier avec les développements d’analyse comportementales et émotionnelles ; la formation mettra en place progressivement des modules de formation de sensibilisation et d’expertise concernant la lecture des documents, la mise en place d’un observatoire quantitatif et qualitatif ainsi que l’intégration de la dimension comportementale au sein des sélection de fonds; les meilleures pratiques viseront à présenter les marges de progression de la place de Paris dans ce domaine.
La sélection de fonds va de paire avec les convictions du gérant…
Bien sûr ! Ce point est essentiel. En soi, la sélection d’un fonds c’est aussi sélectionner un gérant. Une fois le diagnostic du fonds établi avec sa dimension quantitative, accompagné de toutes les métriques nombreuses, diverses et variées à notre disposition et aussi une fois agrémenté de toutes les subtilités qualitatives nécessaires pour évaluer de la constance, de la régularité de la performance du fonds et des risques pris. Les convictions du gérant entrent en résonnance avec le style de gestion du fonds dont lui et son équipe ont la responsabilité. Il s’agit d’une dimension supplémentaire, comportementale et émotionnelle que nous aimerions mieux circonscrire pour aider les professionnels à préciser l’analyse du fonds ainsi que l’utilisation que nous en ferons ensuite au sein d’un compte ou d’un fonds de fonds.
On assiste aujourd'hui à une recrudescence du recours à la gestion passive. Quelle est votre analyse du phénomène ?
La gestion passive est une manière de maitriser les profonds changements que connaissent les marchés financiers depuis la révolution numérique et tertiaire. L’approche quantitative rassure puisqu’il s’agit de sélectionner les titres qui font l’histoire du jour des marchés financiers du moment et de leurs indices de référence et qui souvent n’existaient pas il y a dix ans. La gestion passive progresse aussi du fait de la place croissante des transactions à haute fréquence et des transactions robotisées. Pour autant, la gestion active reste selon nous une source de performance importante. Même si comme chacun le sait, il est très difficile de battre le marché de manière continue et sut toutes les périodes. La compétence d’un bon sélectionneur doit lui permettre de trouver les fonds qui sur performent dans certaines circonstances. Comme un manager sportif il doit constituer une équipe dans laquelle le collectif apporte une valeur ajoutée.
Propos recueillis par Yacine Kadri