Moins de défaillances mais toujours autant d’entreprises zombies
Une baisse des défaillances plus ou moins importante en fonction du chiffre d’affaires et de la taille des entreprises
Parmi les entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 250 000 euros, on compte 43 565 défaillances, ce qui représente une baisse de - 5,2 % par rapport à la même période en 2017. Cette diminution s’explique principalement par l’amélioration des exportations, dans un contexte de reprise du commerce international. Pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions d’euros, seules 185 défaillances sont rapportées ce qui équivaut à une baisse de - 14,7 % sur l’année écoulée d’après Coface.
Une baisse généralisée des défaillances en fonction du secteur d’activité
La taille des entreprises n’est pas le seul critère à prendre en considération. L’étude s’est ainsi également intéressée aux secteurs d’activité. A quelques exceptions près, tous ont globalement enregistré une baisse des défaillances. Le résultat le plus éloquent concerne l’effondrement des défaillances dans le secteur de la construction avec - 13 % en un an du fait des taux d’intérêts bas. Quant aux secteurs de l’automobile et de l’habillement, on remarque une baisse des défaillances respectivement de - 5 % et de - 13 %, car ces secteurs bénéficient de la confiance et in fine de la consommation dynamique des ménages français. Par ailleurs, le secteur des transports enregistre une croissance annuelle positive avec 0,2 % de défaillances enregistrées en janvier 2018. L’ubérisation de l’économie avec l’expansion des VTC concurrençant les taxis en serait la cause. Enfin, il existe une baisse des défaillances moins marquées dans l’agroalimentaire avec - 0,9 % du fait des mauvaises récoltes de céréales en 2016 déclenchant une hausse du coût de ces denrées pour les boulangers et pâtissiers.
Un recul des défaillances moins marqué en 2018
Le recul des défaillances devrait être moins marqué en 2018 du fait du ralentissement du secteur de la construction et, plus généralement, de l’économie française. Des contraintes d’offre apparaissent, notamment en termes de recrutement. En effet, il existe une inadéquation entre la qualification attendue par l’employeur et celle des candidats. Autres explications : l’incertitude quant aux perspectives économiques et le coût de la main-d’œuvre qui demeure élevé. Cependant, toutes les régions sont concernées par le recul des défaillances avec - 8,5 % en Île-de-France, -13,7 % pour le Nord de la France ou - 12,6 % en Nouvelle-Aquitaine.
Les entreprises « zombies » : un risque majeur pour l’économie française ?
« Cette multiplication des entreprises zombies qui risquent de faire faillite à tout moment est préjudiciable pour l’économie car cela entrave le processus de destruction créatrice, tire à la baisse la productivité du pays et pénalise in fine la croissance »
Entreprises « zombies ». Derrière la métaphore quelque peu amusante, l’expression renvoie à une réalité bien moins réjouissante : l’augmentation du nombre d’entreprises insolvables ne réalisant aucun profit et qui, par conséquent, devraient disparaître. Or celles-ci ont été maintenues artificiellement en vie par des financements à bas coûts. Cette situation est apparue avec la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), et de taux d’intérêt très bas. La faible croissance économique entre 2013 et 2016 a donc contribué à l’augmentation de ces entreprises « zombies ». « Cette multiplication des entreprises zombies qui risquent de faire faillite à tout moment est préjudiciable pour l’économie car cela entrave le processus de destruction créatrice, tire à la baisse la productivité du pays et pénalise in fine la croissance », conclut Bruno de Moura Fernandes, économiste chez Coface. Faudrait-il alors détruire pour mieux reconstruire ? Les cartes ne sont pas vraiment entre les mains des Français. Pour réduire le nombre de ces entreprises zombies, il faudrait en effet, enregistrer une augmentation de la croissance ou un changement radical dans la politique monétaire marqué par l’augmentation des taux d’intérêts qui correspondrait aux risques encourus par les banques. Ainsi, ces dernières seraient moins enclines à prêter aux entreprises les plus risquées qui, par manque de financement, seraient vouées à la disparition.
Laura Guetta