Bicéphalisme exécutif : des investisseurs rassurés ?
Beaucoup diront que deux cerveaux valent mieux qu’un. Certes, en théorie il ne fait nul doute qu’une réflexion conjointe ait davantage de vertus qu’une décision isolée. En pratique, c’est une histoire différente qui s’écrit. Ces derniers jours le débat a été remis sur la table avec le départ d’Harvey Schwartz, co-directeur général de la banque américaine Goldman Sachs. Et les asset managers ne sont pas en reste sur le sujet ! Des leaders tels que Janus Henderson ou Standard Life Aberdeen (SLA) présentent une configuration bicéphale au plus haut niveau de direction. Ce mode de gouvernance n’est pas sans semer quelques doutes parmi les investisseurs ou les actionnaires. Georges Dallas, directeur des politiques à l’International Corporate Governance Network, observait récemment au Financial Times que cette configuration doit être justifiée par « des circonstances spécifiques », tout en se questionnant sur « le fonctionnement réel de l’équilibre des pouvoirs ». Un des principaux intéressés, Gerry Grismstone, le président de SLA, admet être souvent interrogé sur le fait d’avoir deux CEO. Sur ce point, le patron assure que « cette décision a été prise car nous savions que nous allions créer une entreprise mondiale complexe ». C’est en quelques sortes le même son de cloche qui résonne du côté de Janus Henderson, fruit de la fusion entre Janus Capital (États-Unis) et Henderson GI (Royaume-Uni). Les deux chief executive se répartissent les tâches en séparant le marché américain des autres terrains de jeu.
La principale interrogation qu’émettent analystes et investisseurs est de savoir combien de temps un tel « arrangement » peut -il durer. L’histoire récente a vu bon nombre d’initiatives analogues se solder par un échec. Ce fut notamment le cas de Deutsche Bank ou Citigroup.
Si cette configuration peut être un outil de planification successorale intéressant, c’est bien son équilibre sur le long terme qui questionne, et le nombre réduit de success stories de profils identiques n’amenuise pas le brouillard qui entoure la « direction à deux têtes ».
Yacine Kadri