Asset managers : prudents mais positifs sur l’issue des élections italiennes
Une issue incertaine
Pour les équipes de M&G, la première chose à souligner « c'est à quel point le contexte macroéconomique est différent de celui que nous avons connu lors des précédentes élections ». François Raynaud, gérant allocation d’actifs & dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management (EDRAM), appelle à davantage de prudence. Il constate que « les marchés font preuve d’un excès de confiance dans un environnement économique favorable. Ils semblent peu se soucier du risque politique en Italie et en Allemagne ».
En effet, les résultats sont incertains pour deux raisons principales. La première provient d’une loi électorale qui attribue les sièges en jeu selon un système mixte, mêlant scrutins proportionnel et majoritaire. La seconde se justifie du fait que les trois principaux partis en lice ne parviendront manifestement pas à atteindre les 36% nécessaires pour être majoritaire. Amundi estime que le président Mattarella devra composer un nouveau gouvernement en prenant en compte les différentes coalitions. De même, le leader européen de la gestion d’actifs avance qu’il est « possible que M. Gentiloni, qui agit en tant que Premier ministre intérimaire maintiendra son rôle ».
La plus grande crainte des marchés serait une victoire nette de M5S, le parti populiste et anti européen. Toutefois, l’ensemble des acteurs ne voient pas ce scénario se produire. Comme l’affirme Joannes Müller, responsable de la recherche macro chez Deutsche AM « Pour être clair, ce n'est pas notre cas de base ».
Une allocation hétérogène
Côté allocation, néanmoins, les avis sont plus nuancés. EDRAM prend du recul en sous-pondérant la dette souveraine italienne, afin de conserver des liquidités pouvant s’avérer utiles en cas d’opportunité. De son côté Deutsche AM prend le chemin inverse et surpondère les obligations d’Etat italiennes, tout en demeurant positif sur le marché d’actions transalpin porté par de bons fondamentaux jusqu’à présent. M&G s'attend « à moins de soutien de la part de la BCE, ce qui devrait se traduire par une baisse de la demande des obligations d’État italiennes à l'avenir à mesure que le QE (quantitative easing) ralentira. Si l'on fait toutefois le pari de l'écart entre les obligations d’État italiennes et le Bund allemand, la croissance dans la zone euro est en fait une bonne nouvelle et l'inversion du QE peut également être considérée comme positive. Le QE de la BCE a principalement faussé les prix du Bund, mais pas autant celui des obligations d’État italiennes. La principale source de risque pourrait donc bien provenir des élections de ce week-end ».
Y.K.